Film français de Martin Bourboulon (2025), avec Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen, Christophe Montenez, Yan Tual, Jean-Claude Muaka, Nicolas Bridet, Shoaib Saïd, Sina Parvaneh, Athena Strates, Luigi Kröner, Fatima Adoum, Sayed Hashimi, Azizullah Hamrah… 1h52. Sortie le 27 juin 2025.
Lyna Khoudri et Roschdy Zem
Août 2021. Le président Joe Biden annonce le retrait des troupes américaines d’Afghanistan en choisissant la date symbolique du vingtième anniversaire des attentats du 11 septembre 2001. L’avancée accélérée des Talibans et leur arrivée à Kaboul entraîne un mouvement de panique parmi la population et la fermeture des légations étrangères. La représentation française étant la seule encore en activité, elle prépare son évacuation, mais se trouve confrontée à une véritable ruée vers l’aéroport qui va contraindre l’ambassadeur et son chef de la sécurité à prendre les commandes de ces opérations sous la pression des nouveaux maîtres du pays. Le commandant Mohamed Bida a retracé ces événements survenus à la veille de sa retraite dans son livre “13 jours, 13 nuits dans l'enfer de Kaboul” (Denoël, 2022) que porte aujourd’hui à l’écran le réalisateur des Trois mousquetaires. Martin Bouboulon s’attaque en l’occurrence à un genre dont le cinéma français a perdu le secret au profit des Anglo-Saxons et des Asiatiques : le film de guerre. Il met ainsi en scène cette opération aussi méthodiquement qu’elle a été organisée dans un contexte abrasif où le moindre incident risquait de provoquer une catastrophe et alors même que moins de trois mille personnes ont pu être évacuées parmi une véritable foule de candidats au retour mais aussi à l’exil dont beaucoup de femmes et d’enfants conscients de la terreur que feraient régner les Talibans pour l’avoir déjà vécue avant l’intervention occidentale. C’est la réussite du film d’intégrer une multiplicité de composantes et de rendre clairs les enjeux de cette débâcle organisée dans l’urgence et au jour le jour par quelques hommes de bonne volonté.
Sidse Babett Knudsen
13 jours 13 nuits décrit dans le détail ce qui sera considéré assez vite comme une débâcle infâmante pour les Américains incapables de faire face aux circonstances sans éviter le chaos. Le film reconstitue méthodiquement le déroulé des opérations du point de vue des Français qui œuvrent pour sauver le plus de gens possible, toutes nationalités confondues, tandis que les GI’s se trouvent cantonnés à un rôle ingrat qui leur vaudra de le payer de leur sang au beau milieu d’une pagaille indescriptible. La reconstitution est soignée, comme l’attestent les photos d’actualité figurant au générique de fin. C’est pour l’essentiel au Maroc qu’ont été reconstitués la plupart de ces décors spectaculaires, à commencer par les deux principaux : l’ambassade de France devenue une véritable forteresse assiégée par les candidats à l’exode et l’aéroport où la population se déplace en masse afin de profiter des derniers vols de rapatriement. Passé de la comédie au drame avec Eiffel, Martin Bourboulon a visiblement beaucoup appris des deux volets des Trois mousquetaires, mais se frotte cette fois à un genre encore plus radical grâce à des moyens confortables dont il fait bon usage, sans prétendre aux déchaînements pyrotechniques chers à Michael Bay ou Roland Emmerich. Sa mécanique tourne rond et ne rivalise avec les productions américaines équivalentes que par sa propension à accorder une épaisseur particulière aux différents protagonistes, même si ceux-ci constituent une sorte de panel témoin comme on en rencontre systématiquement dans les films à grand spectacle où le facteur humain reste une variable fondamentale par sa capacité d’identification. Dès lors, 13 jours 13 nuits remplit son contrat et trouve en Roschdy Zem un héros charismatique dont le personnage peut se targuer de la plus folle des pré-retraites.
Jean-Philippe Guerand
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