Film américain de James Hawes (2025), avec Rami Malek, Laurence Fishburne, Rachel Brosnahan, Caitriona Balfe, Jon Bernthal, Michael Stuhlbarg, Holt McCallany, Adrian Martinez, Julianne Nicholson, Danny Sapani, Christy Meyers, Takehiro Hira, Joseph Millson, Alice Hewkin, Henry Garrett, Marc Rissmann, Tiffany L. Gray, Nick Mills, Ashley Byam… 2h03. Sortie le 9 avril 2025.
Laurence Fishburne
Depuis le départ à la retraite de James Bond, le rachat à prix d’or de sa marque et le transfert de la saga Jason Bourne en franchise pour plateformes, l’espionnage a peu à peu déserté le grand écran. The Amateur met un terme à cette période de disette, à travers l’adaptation d’un roman publié en 1981 par Robert Littel, célèbre pour sa connaissance en profondeur de la CIA, qui a culminé à l’écran avec la série “The Company”, et par ailleurs père de l’auteur des “Bienveillantes”, Jonathan Littel. Son héros est un employé de la CIA spécialisé en décryptage qui décide de se transformer en espion amateur afin de traquer les assassins de son épouse. Une histoire déjà filmée par Charles Jarrott dans un contexte socio-politique pour le moins différent sous le titre L’homme de Prague (1981), avec John Savage dans le rôle principal. Ce mouton enragé qui a du mal à atteindre une cible à moins de trois mètres bénéficie d’une formation sommaire et accélérée de la part d’un colonel bougon (l’excellent Laurence Fishburne) avant de s’évanouir dans la nature pour assouvir sa vengeance sans avoir à rendre de comptes à son agence. Avec à ses trousses de véritables agents secrets et quelques tueurs bien décidés à l’empêcher de nuire avant qu’il ne révèle les dossiers accablants que lui a transmis une “gorge profonde” non identifiée sur les opérations clandestines menées par la CIA à l’insu même de ses autorités de tutelle. La meilleure idée de The Amateur a consisté à confier son rôle-titre à Rami Malek, l’inoubliable interprète de Freddie Mercury oscarisé pour Bohemian Rhapsody (2018). C’est précisément ses signes extérieurs de vulnérabilité qui contribuent à sa crédibilité dans cet emploi de vengeur solitaire plus habile quand il s’agit de collecter des données ou de pianoter sur un clavier qu’à appuyer sur la gâchette.
Rami Malek et Caitriona Balfe
Renommé pour ses contributions aux séries prestigieuses “Black Mirror” et “Slow Horses”, James Hawes retrouve ici son domaine de prédilection après le trop conventionnel biopic Une vie sorti l’an dernier. Il confirme son expertise en trouvant un juste équilibre entre des scènes d’action plutôt virtuoses, voire quelques morceaux d’anthologie sur lesquels nous ne nous attarderons pas pour éviter de spoiler, et une psychologie moins sommaire qu’il n’est d’usage dans ce type de films, notamment grâce à un casting judicieux qui accorde une attention particulière aux personnages féminins, même si leur espérance de vie apparaît le plus souvent assez éphémère. Mais c’est la règle du jeu. Autre caractéristique essentielle : par son postulat même, The Amateur coupe court à toute suite éventuelle, sous peine de dévoyer son concept. Il est d’autant plus savoureux de découvrir ce film au moment où Donald Trump semble déterminé à couper dans les crédits des agences de renseignement, donc à tirer une balle dans le pied de son réseau de surveillance planétaire. Et même si le siège de la CIA à Langley porte désormais le nom du Président George Bush, mais a vu sa renommée singulièrement atteinte par le lanceur d’alerte Edward Snowden dont le franc-tireur campé par Rami Malek arbore d’ailleurs certaines caractéristiques en filigrane. C’est tout l’intérêt de ce film ludique et palpitant de multiplier les clins d’œil en s’appuyant sur une rare efficacité qui consiste à aller toujours de l’avant sans jamais se retourner. On n’en demandait pas davantage. Mission impossible… accomplie !
Jean-Philippe Guerand
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