Film franco-belge d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard (2024), avec Valérie Bonneton, Michèle Laroque, Sabrina Ouazani, Clovis Cornillac, Sophie Leboutte, Myriem Akheddiou, Laurence Cottet, Manuel Ginion, Corentin Camus, Félix Briand, Isabelle de Hertogh, Stéphanie Chamot, Christelle Delbrouck, Ingrid Heiderscheidt, Sophie Maréchal, Isabelle Auciaux, Patrizia Berti, Adèle Sierra, David Macaluso, Ana Fernandez Tamargo… 1h44. Sortie le 23 avril 2025.
Suite à un accident sans gravité, une mère de famille désespérée se voit retirer la garde de ses enfants. Des jours meilleurs débute sous le signe de ce qui ressemble à une chronique sociale ou un drame psychologique. On pressent que l’épreuve sera rude, tant Valérie Bonneton insuffle de vérité et d’intensité à son personnage. Elle est d’ailleurs envoyée dans un centre de désintoxication pour alcooliques. Là se croisent des femmes d’âges et de conditions très diverses dont le seul point commun affleure au cours de ces réunions où chacune est invitée à prendre la parole pour évoquer son état d’esprit et à partager le malaise qui l’étreint. Le ton du film n’est pourtant pas du tout celui qu’on croyait pressentir. Son scénario choral porte la marque en tant que contributeur de Louis-Julien Petit, un réalisateur aguerri qui a fondé sa réputation sur son optimisme et croit sincèrement que les situations les plus désespérées sont aussi celles dont on peut tirer le meilleur bénéfice et les enseignements les plus constructifs. Le premier film d’Elsa Bennett et Hippolyte Dard porte en cela un regard utile sur un fléau encore très répandu qui revêt des causes et des manifestations multiples et diverses. D’où l’idée de montrer la cohabitation forcée de ces victimes qui se croient isolées et dont c’est pour beaucoup l’unique point commun. Des jours meilleurs n’entend à aucun moment s’ériger en leçon de morale ni en petit manuel à l’usage des personnes en proie à l’addiction. Ces femmes ont cédé à la boisson pour des raisons qui n’appartiennent qu’à elles et leur combat pour s’affranchir de leur dépendance apparaît comme universel.
Sabrina Ouazani
L’alcool n’est ici que la cause de la cohabitation de ces femmes qui ne se seraient pour la plupart jamais croisées dans leur vie quotidienne. Le plus sûr remède n’est pas le traitement individuel qui leur est réservé, mais leur confrontation subie d’où peuvent naître l’entraide et parfois une vraie solidarité. C’est en tout cas la pédagogie appliquée par le coach sportif brut de décoffrage qu’incarne Clovis Cornillac sur un registre qui apparaît pour lui comme une véritable seconde nature. On serait même tenté de dire qu’il évolue là en terrain familier, tant son empathie naturelle confère d’humanité à cet emploi fédérateur, face à des femmes avec lesquelles il se garde bien d’entretenir la moindre ambiguïté. Comme si le fait d’évacuer la masculinité de ce chef de troupe lui conférait une aura charismatique au-dessus de tout soupçon. Le film s’affranchit en tout cas de cette composante pour se concentrer sur ces femmes en souffrance plus ou moins unies dans l’adversité auxquelles des actrices aussi populaires que Michèle Laroque et Sabrina Ouazani apportent un précieux bonus par leur notoriété dans des archétypes crédibles. C’est le prix à payer pour réussir un Feel Good Movie autour d’un sujet de société très sérieux qu’il ne s’aventure jamais à résoudre, mais qu’il contribue pour une bonne part à exposer avec honnêteté en montrant qu’il existe des remèdes pour échapper à cet enfer et retrouver une place dans la société sans avoir à pâtir du regard des autres. Des jours meilleurs assume ce parti-pris sans céder à la tentation complaisante du naturalisme et du sordide. C’est sans doute aussi là sa limite de prôner l’optimisme dans un univers qui en manque par principe.
Jean-Philippe Guerand
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