Lahn Mah Film thaïlandais de Pat Boonitipat (2024), avec Putthipong Assaratanakul, Usha Seamkhum, Tontawan Tantivejakul, Sarinrat Thomas, Sanya Kunakorn, Pongsatorn Jongwilas, Duangporn Oapirat, Himawari, Wattana Subpakit, Sumalee Suteeratham, Phichai Prommate, Buppa Suttisanon… 2h05. Sortie le 16 avril 2025.
Usha Seamkhum et Putthipong Assaratanakul
Ce film est de ceux dont l’enjeu se résume à leur titre. Un adolescent plutôt négligent se voit chargé par ses parents de veiller sur sa grand-mère qu’il connaît au fond assez mal. Bien obligé d’accepter, il s’exécute sans zèle excessif et découvre une vieille dame moins indigne que délicieuse à laquelle il s’attache d’autant plus vite qu’elle n’est pas dupe de ses intentions et sait comment l’attendrir. Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) voit donc son équation de départ résolue plutôt rapidement pour donner lieu à une comédie de mœurs, là où on était plutôt en droit d’attendre une satire grinçante. À trop vouloir jouer la carte du Feel Good Movie, qui plus est dans le contexte d’une société thaïlandaise où les anciens font figure de divinités intouchables, ce film pétri de bons sentiments ressemble à une confiserie un peu trop sucrée qui ne retient l’attention que par la personnalité de ses deux protagonistes dépourvus de mauvaises intentions comme d’arrière-pensées inavouables. Le réalisateur préfère dès lors se concentrer sur des thématiques plus universelles, à commencer par la solitude liée au grand âge et l’éternel conflit des générations. Le film assume en revanche son caractère optimiste et son refus du sordide. Dès lors, il dépeint une situation en quelque sorte idyllique où un jeune homme présenté comme insouciant et égoïste se transforme en une sorte d’ange de miséricorde au contact de cette aïeule avec laquelle il ne s’imaginait pas le moindre atome crochu.
Usha Seamkhum et Putthipong Assaratanakul
Les films thaïlandais ne courent pas vraiment les écrans, ni même les festivals. Celui de Pat Boonitipat est l’exception qui confirme la règle par le succès qu’il a remporté dans son pays natal, puis l’intérêt qu’il a suscité auprès des vendeurs internationaux. Il a en effet le double avantage de raconter une histoire universelle portée par des personnages qui suscitent l’empathie, tout en s’inscrivant dans un contexte à la fois exotique et dépaysant. Une formule magique qui fut naguère à l’origine d’un triomphe bien oublié : celui de la comédie sud-africaine Les dieux sont tombés sur la tête (1980) de Jamie Uys dont l’humour potache n’avait besoin ni de sous-titres ni de doublage pour être accessible au plus grand nombre. La comparaison s’arrête là, tant la partition de ce film thaïlandais s’avère à la fois plus complexe et plus subtile en creusant un thème qui a inspiré maints auteurs au fil des siècles sur des registres très différents, de la tragédie classique au théâtre de boulevard. Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) repose sur un postulat très simple sans jamais en dévier par des artifices inutiles. Il a le mérite de se concentrer sur les rapports de ces deux personnages qui apprennent à se découvrir et à s’entraider, chacun avec ses propres atouts et sans jamais chercher à tricher avec leurs sentiments. C’est cette simplicité jusqu’au-boutiste assumée qui confère à ce Feel Good Movie (au sens le plus noble de cette expression si frelatée) son charme sur le double registre inattendu du parcours initiatique et du passage de témoin. Il s’inscrit en outre dans la tradition asiatique du profond respect des anciens dont le titre racoleur est loin de refléter les véritables nuances. Il vaut d’ailleurs beaucoup mieux que ça.
Jean-Philippe Guerand
Usha Seamkhum et Putthipong Assaratanakul
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