Accéder au contenu principal

“Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan” de Ken Scott



Film franco-canadien de Ken Scott (2025), avec Leïla Bekhti, Jonathan Cohen, Naïm Naji, Sylvie Vartan, Milo Machado-Graner, Lionel Dray, Joséphine Japy, Jeanne Balibar, Anne Le Ny, Iliana Belkhadra, Nina Bouffier, Naël Rabia, Noé Schecroun, Alice Abraham, Sophie Arama, Bertrand Goncalves… 1h42. Sortie le 19 mars 2025.



Naïm Naji



Ceci est une histoire vraie. Cette précision est devenue un leitmotiv des génériques qui semble utilisé pour tout justifier, à commencer évidemment par les histoires les plus invraisemblables. Elle s’avère toutefois indispensable dans le cas de Roland Perez. Cet homme devenu l’avocat personnel de Sylvie Vartan a en effet vécu un incroyable conte de fées auquel il a consacré un livre aujourd’hui porté à l’écran par le cinéaste canadien Ken Scott qui s’y entend en Feel Good Movies, comme en ont témoigné notamment ses deux films les plus renommés : La grande séduction (2003), dont il a écrit le scénario à l’origine de plusieurs remakes, et Starbuck (2011) qu’il a réalisé. Cet orfèvre en grands sentiments s’attache cette fois à l’amour absolu d’une mère pour son petit dernier affecté d’un pied-bot qu’elle va couver comme un vilain petit canard en essayant d’exaucer ses vœux les plus chers. Dans cette famille de pieds-noirs, l’excès est de rigueur. Alors quand le gamin encouragé par ses grandes sœurs découvre une nouvelle chanteuse à la mode en la personne de Sylvie Vartan, sa maman décide de l’encourager à rencontrer son idole. Des efforts qui aboutiront au plus invraisemblable des résultats, lorsque le ver de terre entrera dans le cercle très fermé de cette étoile qui a guidé son enfance et dont sa mère a fini par se persuader qu’elle lui a sauvé la vie sans même le savoir.



Leïla Bekhti et Naïm Naji



L’argument de Ma mère, Dieu et Sylvie Vartan pourra sembler un rien nunuche à celles et ceux qui ne vibrent ni au répertoire de la chanteuse, ni à son destin pour papier glacé. C’est celui d’un conte de fées moderne qui donne lieu à l’écran à un véritable tour de force. Le film se déroulant sur une période de six décennies, l’enfant devenu adulte est incarné par Jonathan Cohen, tandis que sa mère est interprétée du début à la fin par une seule et même actrice, Leïla Bekhti, alors même qu’elle est en réalité plus jeune de quatre ans que son fils de cinéma. Elle livre là la composition la plus spectaculaire de sa carrière et reste crédible jusqu’à la fin. Sans doute aussi parce que toutes les conditions sont réussies pour qu’elle se lâche comme jamais dans cet emploi de mère méditerranéenne toujours au bord de l’excès, sur un registre qui évoque l’inoubliable Marthe Villalonga dans son rôle d’Un éléphant ça trompe énormément, le vieillissement spectaculaire en plus. Avec face à elle un Jonathan Cohen d’une retenue qui confine à la timidité dans un contre-emploi qui devrait enfin lui valoir de capitaliser sur grand écran la popularité considérable que lui ont valu La flamme, Le flambeau et tant d’autres facéties et délires télévisuels qu’il a initiés devant et derrière la caméra en offrant les répliques les plus spirituelles à ses partenaires. Cette fois, l’alchimie fonctionne idéalement entre l’humour et la tendresse dans cette comédie promise à un grand succès populaire.

Jean-Philippe Guerand






Joséphine Japy et Jonathan Cohen

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva...

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la viol...

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract...