The Day the Earth Blew Up : A Looney Tunes Movie Film d’animation américain de Peter Browngardt (2024), avec (voix) Eric Bauza / Emmanuel Garijo et Michel Mella, Candi Milo / Caroline Combes, Peter MacNicol / Daniel Lafourcade, Carlos Alazraqui, Kimberly Brooks, Peter Browngardt, Rachel Butera, Ruth Clampett, Keith Ferguson, Andrew Kishino, Nick Simotas, Laraine Newman, Fred Tatasciore… 1h31. Sortie le 12 février 2025.
La nostalgie est parfois bonne conseillère. À une époque où l’animation est omniprésente et sans limites, plus rien ne semble vraiment possible en matière d’imagination comme sur le plan technologique. Difficile d’imaginer qu’il y a moins d’un demi-siècle, les studios Disney avaient encore du mal à produire un long métrage par an et la France en avait engendré moins d’une demi-dizaine dans toute son histoire. Cet art encore relégué aux premières parties de séances engendrait alors d’authentiques héros. Ce sont deux d’entre eux qui réapparaissent aujourd’hui dans un long métrage intitulé Daffy et Porky sauvent le monde où le canard irascible et le cochon placide (doublés par un seul et même acteur en version originale !) se trouvent confrontés à la mission la plus impossible qui soit : faire face à une invasion extra-terrestre avec le renfort d’une cochonne aussi intelligente que séduisante, Petunia Pig. Par la personnalité de ses protagonistes, son humour et surtout son foisonnement de références et de clins d’œil, dont un alien qu’on croirait échappé de Mars Attacks de Tim Burton, le film s’adresse autant aux enfants qu’à leurs parents et à leur grands-parents. Son intrigue est assez basique, mais là n’est pas l’essentiel pour les nostalgiques des Looney Tunes avec lesquels le réalisateur Peter Browngardt s’est familiarisé en signant deux cents courts métrages de cette franchise initiée par la Warner Bros comme les Merrie Melodies. Ils retrouveront avec plaisir les désopilants défauts de prononciation de Daffy et le caractère bon enfant de Porky, toujours prompt à tempérer les ardeurs de son complice atrabilaire.
Daffy et Porky sauvent le monde démontre à quel point ses personnages traversent les époques avec allégresse. Le film respecte par ailleurs scrupuleusement l’esprit et la lettre originels, sans que l’animation pâtisse d’une comparaison défavorable. Les Looney Tunes semblent inscrits pour l’éternité dans notre esprit de plus ou moins grands enfants attachés à ces animaux fantasques capables de faire face à toutes les situations, en l’occurrence ici une invasion extra-terrestre qui n’est pas sans évoquer celle mise en scène par Wes Anderson dans Asteroid City (2023). Peter Browngardt réussit la prouesse de respecter la nature de ses personnages éternels, sans succomber à la tentation de les projeter dans une nouvelle dimension. Ce sont bien leurs rapports qui demeurent prioritaires et leur union qui fait leur force quand survient une menace, aussi folle puisse-t-elle être. Et la meilleure nouvelle, c’est que nos héros tiennent la distance sans que le scénario ne tire jamais à la ligne. Avec un clin d’œil à destination des connaisseurs : la contribution vocale de la propre fille du vétéran Bob Clampett (le créateur de Daffy et Porky), Ruth, dans un rôle de serveuse. Un bain de jouvence jubilatoire en joyeuse compagnie, en somme.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire