Bridget Jones : Mad About the Boy Film britannique de Michael Morris (2025), avec Renée Zellweger, Chiwetel Ejiofor, Leo Woodall, Hugh Grant, Colin Firth, Emma Thompson, Isla Fisher, Nico Parker, Josette Simon, Leila Farzad, Sarah Solemani, Sally Phillips, Shirley Henderson, James Callis, Gemma Jones, Jim Broadbent… 2h04. Sortie le 12 février 2025.
Renée Zellweger
On ne change pas une équipe qui gagne. C’est la règle. La romancière Helen Fielding (qui fut naguère en couple avec Richard Curtis, l’auteur providentiel de Coup de foudre à Notting Hill et Love Actually) a inventé avec Bridget Jones la célibattante du troisième millénaire. Une incorrigible romantique en quête de l’homme idéal qui a fait l’objet de trois livres de 1996 à 2013 et de quatre films depuis 2001, l’avant-dernier n’étant pas une adaptation et ayant largement contribué à rompre le charme en coupant cette midinette minaudante de ses inconditionnel(le)s. C’est donc avec une certaine curiosité qu’on attendait au tournant cet épilogue tardif dans lequel Renée Zellweger renoue avec son personnage fétiche, veuve inconsolable qui va voir renaître sa libido au contact du plus iattendu des princes charmants : un jeune homme tendre et délicat dont elle a un peu de mal à comprendre ce qu’il peut bien trouver à une quinquagénaire affublée de deux enfants, aussi adorables puisent-ils être. Un bouquet final (?) qui rassemble tous les ingrédients à l’origine du succès de cette saga caractéristique du savoir-faire de la société de production britannique Working Title et de son expertise inégalable sur le registre ô combien balisé de la comédie sentimentale. L’état des lieux se révèle des plus consternants : Bridget vit dans le fantasme de son mari mort et semble avoir renoncé à tout, hormis à ses enfants qui lui rappellent leur père défunt. Reste tout de même l’ami de toujours qu’incarne Hugh Grant en baby-sitter atteint par la limite d’âge. Et puis aussi les autres parents d’élèves qui n’ont vraiment rien à envier à leur progéniture côté immaturité et perfidie.
Renée Zellweger et Leo Woodall
Quand Bridget tombe sous le charme d’un jeune homme qui pourrait allègrement être son propre fils, on se dit que #MeToo a réussi à renverser le patriarcat, mais que le résultat n’est pas vraiment une franche réussite, s’il se limite à inverser les rôles, comme Babygirl s’y est déjà employé en jetant un stagiaire dans les bras de Nicole Kidman. L’intelligence du scénario consiste à réfléchir à ce qu’il montre avec une rare franchise. Après tout, les écrits d’Helen Fielding sont des sortes de contes de fées modernes passés à la moulinette de nos fantasmes et ne prétendent pas constituer des leçons de vie. Reste que quand la réalité percute la fiction, le résultat devient singulièrement plus fertile sur le plan psychologique. Mais on n’en révèlera pas plus… La plus grande surprise du film réside dans la présence de la créatrice du rôle, Renée Zellweger dont la carrière semble s’être mise au ralenti depuis l’opus précédent. Or, paradoxalement, le fait de ne l’avoir pas vu à l’écran pendant neuf ans, sinon dans le rôle de composition de Judy Garland décatie qui lui a valu son deuxième Oscar, ajoute un incontestable supplément d’âme à son personnage, malgré les effets du Botox et ses yeux mi-clos dont elle a appris à jouer en virtuose. Sa composition relève désormais davantage du burlesque que de la séduction et elle en exploite les défauts comme les qualités avec une maestria qui confine parfois à la roublardise, avec ses mimiques cocasses et sa gaucherie étudiée. Un parti pris qui contribue à la réussite de cette comédie en imposant à l’écran un archétype qui y trouve encore difficilement sa place : la sexagénaire dynamique en quête d’un rebond existentiel. Un cap ingrat mais universel.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire