The Stones & Brian Jones Documentaire britannique de Nick Broomfield (2023), avec Brian Jones, Mick Jagger, Keith Richards, Bill Wyman, Linda Lawrence, Pat Andrews, Val Corbett… 1h38. Sortie le 19 février 2025.
Brian Jones
Fin connaisseur de la scène musicale qu’il écume depuis plus d’un demi-siècle, le réalisateur britannique Nick Broomfield a décidé de s’attaquer cette fois à un personnage mythique qui contribua à la naissance des Rolling Stones avant de mourir prématurément de ses excès pour devenir un mythe des sixties et intégrer le fameux club des 27, ainsi nommé en raison de l’âge de la mort de ses membres. Créateur du groupe qu’il a baptisé et essayé de tirer vers le blues qui n’était alors pas diffusé à la radio, mais éclipsé peu à peu par ses camarades Mick Jagger et Keith Richards en raison de son addiction à l’héroïne et de ses frasques scandaleuses, il l’a quitté un mois avant de se noyer dans sa piscine à la suite de trop d’excès, en juillet 1969. C’est le destin brisé de cet ange noir que relate le nouveau film de Nick Broomfield dont le titre reprend bizarrement mot pour mot celui du documentaire Brian Jones et les Rolling Stones réalisé quant à lui en 2006 par Richard Driscoll. Y affleurent un talent de multi-instrumentiste hors du commun et la spirale fatale qui a emporté cette figure marquante du fameux Swinging London par ailleurs proche des Beatles, de Bob Dylan et de Jimi Hendrix. Le film se compose de témoignages de ses proches et d’images d’archive qui l’inscrivent dans son époque en nourrissant la fameuse formule “Sexe, drogue et rock’n’roll”. Il évite toutefois la polémique qui avait terni un temps la réputation du réalisateur de Biggie and Tupac (2002) lorsqu’il avait cru bon d’affirmer dans Kurt and Courtney (1998) que le chanteur suicidé de Nirvana (lui aussi à 27 ans) aurait en fait été assassiné par sa compagne.
Brian Jones
Tout l’intérêt de ce film réside dans la personnalité qui en est le sujet et l’époque qui l’a inspiré avant précipiter sa chute. Les spécialistes n’y apprendront sans doute rien de nouveau, mais se consoleront en écoutant des standards musicaux désormais inscrits au patrimoine de l’humanité et à travers eux en voyant toute une époque ressuscitée par des documents fascinants, à l’instar de ces images du Festival de Cannes 1969 qui reflètent la bascule de l’insouciance à la tragédie à travers l’inconstance de Brian Jones. Les nouvelles générations reconnaîtront quant à elles en cette gravure de mode incontrôlable un talent hors du commun qui a joué un rôle déterminant mais a peu à peu été rayé de la très longue histoire des Rolling Stones que ses camarades ont continué à écrire sans lui, en faisant évoluer le groupe vers le rock pur et dur après sa mort. Ironie du sort, le nom de cet ange noir déchu s’est aussi perpétué au détour des paroles de la chanson écrite par Serge Gainsbourg pour Jane Birkin, “Ex fan des sixties”. Reste que ce personnage clé a été victime de son talent, la postérité retenant plus volontiers les compositeurs que les instrumentistes, surtout quand leur contribution ne représente que sept années dans l’histoire d’un groupe dont l’histoire se poursuit depuis désormais plus de six décennies et ne semble devoir s’arrêter qu’avec la disparition de ses leaders charismatiques, toujours fidèles au poste. Reste que ce film un peu chiche en extraits musicaux pour des raisons plus budgétraires qu'artistiques écoute battre avec assez de justesse le cœur d'une époque foisonnante qui continue à alimenter les fantasmes des nostalgiques comme des idéalistes.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire