September 5 Film germano-américain de Tim Fehlbaum (2024), avec Peter Sarsgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Leonie Benesch, Zinedine Soualem, Georgina Rich, Corey Johnson, Marcus Rutherford, Daniel Adeosun, Benjamin Walker, Ferdinand Dörfler, Rony Herman, Jeff Book, Solomon Mousley… 1h35. Sortie le 5 février 2025.
Zinedine Soualem et John Magaro
Quand débutent les Jeux Olympiques d’été de l’été 1972, le monde entier a en tête le caractère ô combien symbolique de ces joutes sportives organisées dans une Allemagne de l’Ouest qui revendique sa modernité. Trente-six ans plus tôt, Munich les avait déjà accueillis en devenant la vitrine du national-socialisme dans un détournement magistral orchestré par le ministre de la Propagande du Reich, Joseph Goebbels, et immortalisé par le film de Leni Riefenstahl Les dieux du stade (1938). La manifestation mondialisée est marquée par les sept médailles du nageur américain Mark Spitz. Jusqu’à ce jour funeste de la seconde semaine des compétitions où tout bascule avec la prise d’otages de la délégation israélienne par un commando palestinien au cœur même du village olympique. Une tragédie inimaginable qui réveille les vieux démons de la bête immonde dans une Europe prospère et apaisée qui devient la proie d’une résurgence inquiétante du terrorisme sous la forme d’une internationale qui ratisse large, de la bande à Baader en Allemagne, les Brigades rouges en Italie, Action directe en France et des mouvements indépendantistes comme l’Ira en Irlande du Nord et l’Eta en Espagne.
Leonie Benesch
Outre le film à sketches Visions of Eight tourné à chaud par de prestigieux réalisateurs internationaux, deux œuvres majeures ont déjà été consacrées à ces événements : le documentaire oscarisé de Kevin Macdonald Un jour en septembre (1999) et Munich (2005) de Steven Spielberg qui suivait la traque des tueurs du commando de Septembre noir par le Mossad. L’approche du cinéaste suisse Tim Fehlbaum se concentre autour de la couverture télévisuelle alors inédite de cet événement que les spectateurs du monde entier ont pu vivre en direct pour la première fois de l’histoire. La chaîne américaine ABC qui suit la manifestation sportive doit s’adapter aux événements afin de pouvoir les faire vivre à chaud mais à distance à près d’un milliard de personnes. C’est ce tour de force médiatique que raconte le film en suivant les efforts de la rédaction pour diffuser des informations en direct, mais aussi sa frustration de ne pas disposer d’images des événements. Comme la préfiguration des chaînes d’info d’aujourd’hui. Confronté à un scoop mondial, la rédaction déploie des efforts considérables pour tenter d’apporter des réponses à des questions que tout le monde se pose sans quitter l’antenne. Un événement pour une large part invisible qui tiendra en haleine la planète et fera passer la puissance cathodique dans une nouvelle dimension grâce aux efforts d’une équipe nullement outillée pour une reconversion aussi périlleuse du reportage sportif à l’actualité la plus tragique.
Jean-Philippe Guerand
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