Film américain de Leigh Whannell (2024), avec Christopher Abbott, Julia Garner, Matilda Firth, Sam Jaeger, Ben Prendergast, Benedict Hardie, Milo Cawthorne, Beatriz Romilly… 1h43. Sortie le 15 janvier 2025.
Matilda Firth
Le loup-garou appartient au bestiaire des monstres du studio Universal depuis l’aube des années 30. Moins renommé que Dracula, Frankenstein, l’homme invisible ou la momie, il a tout de même connu une certaine notoriété sous les traits déformés et les poils de yack de Lon Chaney Jr. dans la version réalisée par George Waggner en 1941, puis dans Frankenstein rencontre le loup-garou (1943), La maison de Frankenstein (1944) et La maison de Dracula (1945). Joe Johnston en a signé un remake en 2010 avec Benicio del Toro dans le rôle-titre, mais le reboot de l’Australien Leigh Whannell, scénariste des sagas horrifiques Saw et Insidious déjà à l’origine de l’élégant Invisible Man, assume les libertés délibérées qu’il prend avec les versions initiales dont il se démarque pour s’inscrire dans la lignée des productions les plus orthodoxes de l’écurie spécialisée Blumhouse. Wolf Man, dont le titre souligne la familiarité avec l’opus précédent, se concentre sur une famille victime d’un accident dont le père mordu par un loup va devenir une menace léthale pour son épouse et sa fille contraintes non seulement d’envisager la vie sans lui mais de l’affronter afin d’éviter de connaître le même sort. Un drame cornélien simple mais efficace traité avec une économie de moyens remarquable qui aborde la lycanthropie comme une maladie contagieuse de nature à engendrer une épidémie aux conséquences incalculables et dépourvue de vaccin ou de contre-poison.
Julia Garner, Christopher Abbott et Matilda Firth
Leigh Whannell sert son sujet sans jamais faire mine de tirer la couverture à lui et se concentre sur le dilemme insoluble que provoque la contamination du père pour le reste de sa famille avec laquelle il n’arrive plus à communiquer verbalement. Du rôle traditionnel de protecteur, il passe ainsi à celui de menace. Le film se concentrant sur un nombre extrêmement limité de protagonistes donc de victimes potentielles, le réalisateur a opté pour un parti pris efficace qui consiste à réduire les dialogues à leur plus simple expression au profit d’une mise en scène épurée et d’une organisation de l’espace qui contribuent à créer une tension grandissante. Le spectateur ayant été pris à témoin de la transformation de l’homme en monstre, il compatit à la fois à son calvaire et au danger qu’il représente pour son entourage, autant victime que bourreau. Une approche qu’on retrouve dans bon nombre de films de monstres, dans la mesure où la plupart d’entre eux sont des proies en puissance avant de devenir des prédateurs, qu’il s’agisse des zombies ou du vampire Nosferatu récemment ressuscité par Robert Eggers. Une dualité existentielle impossible dont l’archétype reste le héros malgré lui du fameux Docteur Jekyll et Mister Hyde de Robert Louis Stevenson, lui aussi souvent porté à l’écran. Wolf Man devrait réconcilier les puristes traditionnels avec les spectateurs d’aujourd’hui, autant par son respect du dogme que par l’efficacité à toute épreuve de sa dramaturgie.
Jean-Philippe Guerand
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