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“Wallace et Gromit : La palme de la vengeance” de Nick Park et Merlin Crossingham



Wallace & Gromit : Vengeance Most Fowl Film britanno-américain de Nick Park et Merlin Crossingham (2024), avec (voix) Ben Whitehead / Jean-Loup Horwitz, Peter Kay / Patrick Messe, Lauren Patel / Marine Duhamel, Diane Morgan / Juliette Poissonnier, Reece Shearsmith / Vincent de Boüard, Adjoa Andoh, Muzz Khan, Maya Sondhi, Victoria Elliott, Melissa Collier, John Sparkes, Lenny Henry, Jon Glover, Bethan Mary-James… 1h19. Mise en ligne sur Netflix le 3 janvier 2025.





L’inventeur Wallace et son chien Gromit partagent une complicité à toute épreuve et bénéficient des gadgets les plus saugrenus mis au point par le bricoleur de la maison. Jusqu’au jour où ce dernier met au point un serviteur de choc : un nain de jardin robotisé du nom de Norbot qui excelle aux tâches ménagères avec une prédilection pour le jardinage qui vaut à son créateur l’admiration de ses voisins désireux de bénéficier à leur tour des services de ces gnomes intelligents. Simultanément, le redoutable manchot kleptomane Feathers McGraw emprisonné dans un zoo parvient à pirater le système informatique de Wallace et à reprogrammer son armée de serviteurs de petite taille en créatures diaboliques. Pendant ce temps-là, un inspecteur de police sur le point de prendre sa retraite assure la formation de la novice qui doit lui succéder. Jusqu’au moment où tous ces personnages voient leurs destins converger… Malgré leur immense popularité, Wallace et Gromit n’ont fait l’objet que d’un nombre limité de films, en raison de la technique du stop motion appliquée à ces créatures en pâte à modeler qui ne permet aux Studios Aardman de produire que… quarante-huit images par jour, soit deux secondes utiles. Avec à leur actif deux séries, deux compilations, trois jeux vidéo et quatre courts métrages : Une grande excursion (1989), Un mauvais pantalon (1993), Rasé de près (1995) et Sacré pétrin (2008). La palme de la vengeance n’est en fait que leur deuxième long après Wallace et Gromit : Le mystère du lapin-garou (2005) qui leur a valu leur troisième Oscar. C’est dire le perfectionnisme de Nick Park et son refus des compromissions.





Apparu il y a plus de trois décennies dans Un mauvais pantalon, le méchant manchot est comme Gromit dépourvu de la parole, mais joue en expert de son regard impénétrable pour impressionner ses ennemis et commander ses complices. Son personnage est en outre affublé des caractéristiques de plusieurs nuisibles d’anthologie : le Blofeld de James Bond, le Pingouin de Batman et même le capitaine Nemo de “Vingt mille lieues sous les mers”. Le film déborde en outre de références à des classiques du cinéma comme Edward aux mains d’argent, Terminator ou Matrix parfois réduites à de simples clins d’œil à l’usage des initiés. On reconnaît là la patte du facétieux Nick Park associé pour l’occasion à Merlin Crossingham, ci-devant co-réalisateur de la série télévisée Creature Comforts (2007). Comme il est d’usage aux Studios Aardman, le film juxtapose plusieurs niveaux de lecture afin de séduire le public le plus large possible et multiplie les morceaux de bravoure, d’une évasion en sous-marin à une poursuite en péniche, en passant par les inventions les plus saugrenues de Wallace qui a robotisé son quotidien, de son bain à son petit déjeuner, et bricole un lanceur de chaussures pour ramener les Norbots à la raison. Ce film loufoque débordant d’imagination comblera les amateurs d’humour anglais par sa fantaisie débridée qui passe aussi par un casting vocal irrésistible. Mention spéciale à l’agente de police Mukherjee campée à la fois par Lauren Patel et Marine Duhamel qui témoigne d’un bon sens à toute épreuve face aux délinquants les plus improbables. La présence exclusive du film sur une plateforme de streaming permet enfin de le voir et de le revoir sans modération afin d’en savourer pleinement la saveur.

Jean-Philippe Guerand






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