Bernard et Bertrand Blier
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Dans la famille Blier, il n’y eut longtemps que des B.B. Le grand-père se prénommait Bernard, la petite fille aînée fut baptisée Béatrice, puis la tradition s’arrêta net. Comme la veine artistique. Entre-temps, avaient vu le jour Brigitte et avant elle son frère aîné, Bertrand. Le jour de la venue au monde de celui-ci, en mars 1939, son père encore élève au Conservatoire se fait porter pâle sur le plateau des studios de Boulogne où Marcel Carné tourne Le jour se lève. Et lorsqu’il y revient, incapable de dissimuler sa fierté que son épouse ait accouché d’un garçon, Jacques Prévert lui adresse cette mise en garde solennelle : « Désormais, quand tu mangeras des œufs à la coque, fais attention de ne pas briser le crâne du bébé par mégarde ! » Protégé symboliquement par cette bonne étoile, Bertrand passe sa jeunesse dans l’ombre d’un paternel par intermittences que sa longue captivité en Autriche a soulagé de son embonpoint naissant et contraint à reprendre à zéro sa carrière prometteuse. Il met désormais les bouchées doubles entre les plateaux de tournage et les scènes de théâtre où il se garde bien d’emmener femme et enfants. En revanche, lorsqu’il lui arrive de rentrer nuitamment après une représentation, il vérifie toujours si son fils est endormi et, si tel n’est pas le cas, l’invite à saucissonner avec lui dans la cuisine. Un rituel charcutier que Bertrand reproduira plus tard avec ses propres enfants. En outre, il a coutume de répéter ses rôles dans sa bibliothèque de notable et demande alors à Bertrand de lui donner la réplique voire de l’emmener au cinéma pendant des après-midis entières pour lui faire partager son amour du western en enchaînant les doubles programmes, mais jamais pour voir les films dans lesquels il tient un rôle. Pas même pour voir L’école buissonnière (1949) de Jean-Paul Le Chanois où il incarne un instituteur de campagne adepte de la méthode Freynet. Bertrand a pourtant peu ou prou le même âge que ses élèves à l’écran.
Bertrand Blier, sa première épouse et Bernard Blier
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Élevé dans le culte du beau jeu et le respect des textes de qualité, Bertrand n’est pourtant qu’un piètre écolier auquel Bernard a sans doute légué son lourd passif de cancre. Déçu de son échec au baccalauréat, il décide de l’emmener rencontrer son ami Henri-Georges Clouzot qui a élu domicile à la Colombe d’Or de Saint-Paul de Vence pour préparer son documentaire Le mystère Picasso (1956). L’adolescent suit ainsi les traces illustres de son paternel et passe du statut de stagiaire à celui d’assistant, notamment auprès d’un réalisateur que Blier l’aîné soutient depuis ses débuts : Georges Lautner. Jusqu’au tournage à Pontarlier du film que ce dernier considérait comme son œuvre majeure, Le septième juré (1962), en marge duquel le père de famille qui incarne un meurtrier chargé de statuer sur la culpabilité du suspect accusé de son crime, croise le regard de la fille des hôteliers chez qui réside l’équipe et qui deviendra sa seconde épouse. Si discrètement que son fils qui les regarde jouer aux cartes tous les soirs ne découvrira la fourberie conjugale qu’a posteriori. Au point qu’un jour, le couple adultère sera surpris en pleine montagne par un quidam qui croira reconnaître le comédien et s’entendra répondre par celui-ci : “ On me dit souvent que je lui ressemble. ”
Tandis que le couple Blier en crise est assiégé par les paparazzi, Bertrand s’essaie au documentaire avec Hitler… connais pas !, un instantané sociologique saisissant sur la jeunesse de 1963, puis patiente quatre ans de plus pour enchaîner avec un film d’espionnage paranoïaque sur fond de Guerre froide qui lui donne l’occasion d’offrir à son père l’un de ses rôles les plus noirs, Si j’étais un espion, avec entre-temps La grimace (1966), un court métrage interprété par Bernard Haller et Jacques Perrin. C’est une période de vache enragée au cours de laquelle les relations entre Bernard et Bertrand se tendent jusqu’à la rupture générationnelle de Mai 68. Ce dernier finit tout de même par dénicher un emploi alimentaire en participant à l’écriture d’une comédie comme Lautner les filme alors à la chaîne : Laisse aller… c’est une valse (1971) qui pose les bases de son propre cinéma en devenir. Le succès commercial a beau être au rendez-vous, il lui faudra encore patienter pour se voir accorder une nouvelle chance, déterminante celle-là.
Avec Les valseuses (1974), dont il publie d’abord le roman (Robert Laffont, 1972) pour pouvoir convaincre un producteur, Bertrand Blier résume la décadence morale ambiante en embarquant un trio infernal dans un Road Movie qui noircit les fantasmes de l’utopie soixante-huitarde et consomme le sexe comme dans un self-service où le corps a ses raisons que la raison ne connaît pas. Sans totem ni tabous, mais avec viols, violences et agressions sexuelles banalisées, à l’initiative de deux marginaux qui émoustillent l’“honorable société” et lui permettent de s’encanailler en toute impunité. Au moment même où le cinéma porno omniprésent affiche des prouesses irrésistibles au box-office, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu, Miou-Miou, Isabelle Huppert et quelques autres entérinent l’avènement d’une nouvelle génération qui ose tout et en jouit sans entraves, alors que le MLF peine à se faire respecter et même entendre. Ironie du sort, Georges Pompidou meurt dix jours après la sortie de ce qui restera le plus grand succès populaire du cinéaste. L’imminence de l’année de la femme lui inspire alors une idée saugrenue qui donne naissance à Calmos (1976), une charge uchronique rabelaisienne, grotesque, ouvertement misogyne et phallocrate, qui lui vaut un éreintement critique et un accueil houleux entérinés par un échec retentissant. Ses interprètes masculins s’y feront même prendre à partie sur la voie publique par des spectatrices outrées qui se moquent bien de savoir où se trouve la fameuse rue Gustave Flaubert.
Tout semble à refaire, mais Bertrand Blier a appris de ses échecs et enchaîne avec Préparez vos mouchoirs, où il associe au tandem Dewaere-Depardieu la Québécoise Carole Laure dans un rôle décliné par Miou-Miou qui refusait tout amalgame avec Les valseuses : celui d’une femme frigide qui découvre la jouissance dans les bras d’un adolescent et vaut en 1979 au cinéma français son troisième Oscar du meilleur film en langue étrangère d’affilée. Une consécration inattendue de la part d’une académie célèbre pour son puritanisme qui précipite la production de Buffet froid, comédie noire surréaliste générée en urgence sur le mode de l’écriture automatique dont Blier affirmera a posteriori qu’elle lui a été dictée par une voix intérieure. Il y entraîne Depardieu, Jean Carmet, son père et Michel Serrault le temps d’une scène dans les couloirs du RER et les tours désertes du quartier de La Défense alors en construction. Jusqu’à l’apparition d’une femme en imperméable qui n’est décidément pas l’avenir de l’homme mais l’entraîne vers sa mort à bord d’un frêle esquif. L’accueil du public est à ce point houleux que le producteur Alain Sarde s’engage à rembourser les spectateurs qui en exprimeraient le souhait. Plus tard, Beau-père (1981) vaut au réalisateur sa première sélection en compétition à Cannes, mais susciterait sans doute aujourd’hui un tollé de #MeToo : l’histoire d’amour d’un pianiste dépressif avec la fille adolescente de sa femme disparue. Encore un sujet abrasif qui ne choque pourtant pas grand-monde à l’époque, tant le désespoir de Patrick Dewaere reflète l’emprise des démons qui l’emporteront l’année suivante.
Avec Notre histoire (1984), Bertrand Blier se frotte à celui qui n’appelait son père que “ Parrain ” sans pourtant lui avoir jamais donné la réplique sinon dans une scène-test d’un projet inabouti de Christian-Jaque sur Marco Polo : Alain Delon. Ses fans ne se retrouveront pas dans son rôle de garagiste au bout du rouleau qui s’immisce dans la vie d’une femme aux multiples visages incarnée par Nathalie Baye. Un contre-emploi radical qui vaudra à l’acteur son unique César… que Coluche viendra recevoir à sa place, mais dont personne ne retrouvera la trace après la mort du comique dans un accident de moto, quinze mois plus tard. Entre-temps, Bertrand Blier a tenté et réussi un pari encore plus fou : Tenue de soirée (1986) qui vaut un prix d’interprétation masculine cannois à Michel Blanc dans un rôle de bisexuel décliné par Bernard Giraudeau. Plus de trois millions de spectateurs valent au cinéaste le deuxième plus gros succès de sa carrière mais pas le moindre César malgré huit nominations. Nouvelle audace avec Trop belle pour toi (1989), grand prix du jury à Cannes, qui prend à nouveau les clichés à rebours en montrant une femme sublime que son mari abandonne au profit d’une rivale a priori banale pour laquelle il n’a pas besoin de se battre. Avec à la clé trois César pour Blier (film, réalisation et scénario) et celui de la meilleure actrice décerné à Carole Bouquet, plutôt qu’à Josiane Balasko pourtant nommée aussi dans cette catégorie. Un détail qui reflète le conformisme déprimant des votants face à un cinéma qui s’obstine à faire bouger les lignes et à choquer le bourgeois, en s’adaptant à l’évolution des mœurs, parfois même en l’anticipant.
La période qui s’ouvre pour Bertrand Blier est associée à une nouvelle muse, Anouk Grinberg, qui illumine de sa gouaille de titi parisien une trilogie nihiliste composée de Merci la vie (1991), produit par celui qui fut son premier agent dès 1964, Jean-Louis Livi, Un, deux, trois, soleil (1993) et Mon homme (1996). Le moraliste s’y révèle nettement plus amer. Lui dont tant d’observateurs ont stigmatisé le machisme à géométrie variable y exprime sa passion des femmes et sa pitié pour les hommes démonétisés qui culmine en la personne de l’alcoolique en sursis campé par Marcello Mastroianni dans un rôle comme ne lui en a confié auparavant qu’un autre nihiliste, Marco Ferreri, lui aussi considéré comme sulfureux, mais surtout désespéré. Comme beaucoup d’hommes de sa génération, Bertrand Blier a pâti d’un modèle parental traumatisant. Il a notamment empêché sa mère dépressive de se jeter par la fenêtre de l’appartement familial et a assisté à quelques colères homériques de son père, ce héros populaire qui s’est fâché définitivement avec cette fille cadette dont le parrain était son propre frère aîné. Il lui reprochait à la fois d’avoir pris le parti de son ex-femme, au moment où l’adolescente subissait de plein fouet le divorce douloureux de ses parents, mais aussi d’assumer son homosexualité officiellement. Jusqu’au moment où, sous la pression de sa seconde épouse, Bernard a fait signer à ses deux enfants un acte notarié dans lequel ils s’engageaient à renoncer à toute prétention à l’héritage paternel, alors même que Brigitte vivait dans un relatif dénuement avec sa compagne. Donc si la vision de l’humanité de Bertrand était si pessimiste, c’est surtout parce qu’elle était nourrie d’un vécu dont il a préféré rire que pleurer. Et ça, c’est le droit de n’importe quel créateur. Surtout quand il l’exploite pour repousser les limites de son art et manifeste une telle virtuosité avec les mots. Il en a notamment donné des preuves dans ses écrits, qu'ils soient romanesques (“Existe en blanc” et “Fragile des bronches”) ou théâtraux (dans “Désolé pour la moquette…” où il s’inspirait des relations difficiles de sa sœur avec son père).
Jean Benguigui, Bernard et Bertrand Blier
sur le tournage de Buffet froid (1979)
J’ai moi-même rencontré Bertrand Blier en 2007, c’est-à-dire trois décennies après avoir interviewé son père pour le magazine “Première” à plusieurs reprises et l’avoir lui-même croisé en diverses circonstances. Quand je lui ai fait part de mon souhait de consacrer une biographie à cette légende qui avait souffert toute sa vie d’un cruel manque de reconnaissance de la part du cinéma français, il m’a appris que j’étais le premier à lui soumettre une telle demande depuis sa disparition, en 1989, quelques semaines seulement après son apparition fantomatique sur la scène des César. Il a donc accepté, m’a assuré d’une totale liberté et m’a transmis les coordonnées des témoins indispensables à solliciter, tout en me précisant qu’en ce qui le concernait, il garderait l’essentiel de ses souvenirs personnels pour sa future autobiographie. J’ai ainsi rencontré les deux sœurs survivantes de Bernard dont son aînée qui est morte presque centenaire après la publication du livre et sa cadette qui conservait photos, souvenirs et plus encore, avec une mémoire infaillible.
Manquait à cette photo de famille un personnage clé, sa sœur Brigitte, dont Bertrand m’a précisé qu’elle était sa filleule et m’a prévenu qu’elle n’accepterait sans doute jamais de me parler de leur père, mais m’a confié son adresse postale en Suisse. Quand je lui ai envoyé une lettre, elle m’a répondu par un appel téléphonique à la suite duquel je suis allé lui rendre visite à proximité de la source thermale d’Henniez, dont le logo trône dans tous les magasins d’alimentation de la République Helvétique. À mon retour, j’ai proposé à Bertrand d’écouter ces trois heures de confession qu’elle avait sans doute trop longtemps retenue. Il a refusé, mais a alors exprimé le désir de répondre à son tour à mes interrogations. Un processus qui s’est échelonné au fil de longues conversations à bâtons rompus. La première fois, il s’est assis à son bureau et m’a désigné un coin du divan qui lui faisait face. Dès la séance suivante, nos positions se sont inversées et il s’est étendu plus confortablement en prétextant un mal de dos chronique. Ce rituel s’est poursuivi à une demi-douzaine de reprises. Lorsque je sonnais à sa porte, le samedi en début d’après-midi, il s’amusait à m’accueillir d’un chaleureux “ Bonjour docteur ! ” qui en disait long sur son besoin de s’épancher, non seulement sur son père mais sur lui, et m’emmenait directement dans son bureau où les souvenirs l’assaillaient, parfois dans le désordre, mais toujours avec une émotion palpable. Comme si personne ne lui avait vraiment donné la parole jusqu’alors…
Au moment de relire les épreuves, il a formulé quelques remarques justifiées, mais n’a souligné qu’un seul mot, “misogyne” (à propos de Calmos), que j’ai refusé de supprimer après m’en être expliqué avec lui. Bertrand Blier avait beaucoup trop de respect envers les mots et la liberté pour censurer ceux des autres. Au moment de la publication de “Bernard Blier, un homme façon puzzle” (Robert Laffont, 2009), qui coïncidait avec le vingtième anniversaire de la disparition de son père, il m’a soutenu et accompagné sans relâche dans les médias avec un rare dévouement. Preuve de l’importance que représentait à ses yeux la réhabilitation de son père, injustement considéré comme un second rôle, alors qu’il demeurait l’un des acteurs les plus populaires du cinéma français par son omniprésence au fil de cinq décennies de classiques rediffusés à jet continu. Plus tard, au sortir du premier confinement, Bertrand a accepté de venir témoigner sur un plateau de l’Institut National de l’Audiovisuel dans des conditions sanitaires extrêmes pour les besoins d’un documentaire que j’avais coécrit et auquel son réalisateur Christophe Duchiron avait fini par donner le même titre que le livre. Ce jour-là, il avait le regard et la voix embrumés par l’émotion. Plus tard encore, il m’a confié que son regard sur son père avait profondément changé, mais que si c’était à refaire…
Fils de comédien et fin connaisseur de ces êtres vulnérables condamnés à se mettre à nu dans la peau des autres, Bertrand Blier a signé avec Les acteurs (2000) une œuvre-clé pétrie d’autant d’amour que d’humour qui culmine dans un ultime hommage à l’homme de sa vie, son père Bernard qui fut aussi son plus grand admirateur et qu’il a dirigé à trois reprises. Ses quatre derniers films s’avèrent plus inégaux, même s’il y adapte une de ses pièces, Les côtelettes (2003), et y fraie avec deux représentants de la nouvelle génération, Jean Dujardin et Albert Dupontel, dans Le bruit des glaçons (2010), la rencontre d’un homme avec son cancer, son Septième sceau à lui en quelque sorte. C’est toutefois un autre mal qui l’a emporté le 20 janvier 2025. Comme pour le préserver par anticipation de la mise à mort annoncée de son acteur fétiche, Gérard Depardieu, avec lequel il a tourné à huit reprises, bien que le CNC n’ait même pas jugé opportun de citer son nom dans un hommage au réalisateur qui relève de l’effacement sinon du révisionnisme. Un paradoxe pour une institution qui ne s’est jamais émue qu’un prédateur sexuel assigné en justice ait présidé à ses destinées pendant cinq ans. La disparition de Bertrand Blier est aussi celle d’une époque insouciante et de ses excès subversifs sans lesquels la plupart de ses films ne pourraient sans doute plus voir le jour. Mais seule la postérité sera véritablement en mesure de juger son œuvre en toute sérénité et d’estimer à quel point celle-ci a rendu compte de l’évolution des mœurs ou plutôt du recul progressif du patriarcat comme outil de domination sexiste et sexuel, mais pas seulement… C’est désormais aux femmes de prendre le relais en affirmant leur propre point de vue.
Aux obsèques de Bertrand Blier, le 29 janvier 2025, à Saint-Roch, la paroisse des artistes, le cercueil porté notamment par Jean Dujardin et Albert Dupontel a fait son entrée dans l’église sur des morceaux choisis de l’œuvre du défunt. Des mots parfois crus, mais souvent justes et toujours mémorables qui ont marqué un demi-siècle de notre mémoire de spectateurs. Même si, comme l'a fait remarquer Dupontel, quel poète ami de Rimbaud aurait été digne de lui rendre hommage ? Malgré des absences remarquées (Gérard Depardieu et Anouk Grinberg, entre autres), la cérémonie a été à la démesure du défunt, à l’image des jolis souvenirs de ses trois enfants, Béatrice, Léonard et Leïla, et de la générosité de sa dernière épouse, Farida. La lecture de la première scène de Buffet froid par le tandem formé de Josiane Balasko et Damien Bonnard (en lieu et place de Carole Bouquet initialement prévue face à sa rivale de Trop belle pour toi) a précédé l’homélie du curé “à la fraîche sous la nef” qui a osé détourner l'une des plus fameuses répliques des Valseuses, en remplaçant “gland” par “esprit”, puis s'est remémoré cette fois où Bertrand Blier en promenade avec son chien Charlie le lui avait confié pour pouvoir pénétrer dans une église d’où il n’avait émergé que… trois heures plus tard ! Moralité : merci la vie et… désolé pour la moquette !
Jean-Philippe Guerand
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