We Live In Time Film britannico-français de John Crowley (2024), avec Andrew Garfield, Florence Pugh, Aoife Hinds, Adam James, Grace Delaney, Lee Braithwaite, Douglas Hodge, Marama Corlett, Nikhil Parmar, Amy Morgan, Heather Craney, Kevin Brewer, Laura de Geest, Gabriel Robinson, Niamh Cusack, Lucy Briers… 1h48. Sortie le 1er janvier 2025.
Florence Pugh et Andrew Garfield
Voici le film à la fois le plus simple et le plus compliqué du monde. La chronique d’un couple, pour le meilleur (la passion et la naissance de leur fille) et pour le pire (elle se découvre atteinte d’une maladie incurable qui vient obscurcir leur bonheur). Tout l’intérêt de cette chronique sentimentale réside dans sa construction façon puzzle qui fait voler en éclats les sacro-saintes lois de la chronologie. Son dénouement est connu assez tôt et posé comme inéluctable. Dès lors, le scénario multiplie les audaces. Comme pour faire triompher le bonheur des aléas de la vie et faire souffler une bouffée d’espoir sur cette tragédie dont les enjeux sont posés. John Crowley s’appuie pour cela sur le couple ô combien glamour formé par les comédiens britanniques Florence Pugh et Andrew Garfield, qu’il avait déjà dirigé dans Boy A (2009), en jouant autant de leur pouvoir de séduction que de leur contraste physique (une grande blonde et un petit brun), mais aussi de tout ce qui rapproche leurs personnages. L’amour au présent, c’est en quelque sorte Love Story sans désespoir ni mélo : une romance dont ses protagonistes jouissent d’autant plus pleinement qu’ils prennent le parti d’en profiter jusqu’au bout et de ne jamais se laisser abattre par le spectre de la maladie. Et si l’on vient à verser une larme à la fin, c’est à l’idée de tous les plaisirs dont se verra privé malgré lui ce trio qui avait tout pour être heureux, y compris la qualification de l’épouse pour la finale d’un concours gastronomique télévisé en forme de consécration.
Florence Pugh et Andrew Garfield
L’amour au présent se présente d’entrée de jeu comme la énième comédie sentimentale sur la vie quotidienne d’un jeune couple dont la passion va être confrontée au poids écrasant du quotidien et d’une certaine routine. Une situation universelle que le scénario imaginé par le dramaturge Nick Payne aborde sans avoir recours au moindre événement véritablement exceptionnel. On évolue ici dans un univers balisé qui nous renvoie tous de près ou de loin à des choses vues ou vécues. La rencontre de cette cuisinière hors-pair et de cet expert en marketing répond aux critères habituels et engendre des conséquences à peu près imparables : la rivalité professionnelle, le désir d’avoir un enfant, l’exode de la ville à la campagne, la répartition harmonieuse des tâches et sa compatibilité avec les ambitions respectives de l’un et de l’autre. Des thèmes brassés et proposés ici dans un savant désordre qui vient se heurter à des réalités de nature à donner un cours imprévu à la vie en la transformant en destin. Avec cette idée récurrente que l’espoir constitue la plus bénéfique des stimulations et que la fatalité ne doit pas être considérée comme un obstacle, mais plutôt comme une opportunité d’accélération. On retiendra plus particulièrement deux séquences significatives de cet album de famille dont on feuillette les pages dans le désordre : l’accouchement traité avec un grand réalisme et le concours du Bocuse d’or qui constitue en fait un point d’orgue en forme de leurre, à l’image des clichés que détourne le film avec une certaine allégresse. Mais en révéler davantage constituerait un sacrilège.
Jean-Philippe Guerand
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