Film d’animation français de Michel Gondry (2024), avec (voix) Pierre Niney, Maya Gondry… 1h01. Sortie le 2 octobre 2024.
Michel Gondry a toujours excellé sur le registre du système D. Une seconde nature qui a nourri la plupart des films qu’il a tournés en France après avoir conquis les États-Unis et une bonne partie du reste du monde dès son deuxième long métrage devenu culte, Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004), alternative pétillante à la comédie romantique traditionnelle. Chez lui, le cinéma se fabrique encore selon des règles artisanales et doit refléter au plus près l’imagination de son auteur. Quitte à façonner lui-même les outils qu’il utilise. En atteste l’une de ses plus belles réussites, Soyez sympas, rembobinez (2008) où Jack Black et Mos Def re-tournaient tant bien que mal les films en VHS d’un vidéo-club qu’ils avaient effacés accidentellement. Une idée prolongée de 2011 à 2015 sous la forme d’un atelier itinérant dans lequel les visiteurs sont invités à confectionner eux-mêmes des films artisanaux. Maya, donne-moi un titre s’inscrit dans cette lignée inventive. Ce nouveau film est l’aboutissement d’un jeu que le réalisateur a proposé à sa fille pour se faire pardonner ses absences répétées, sur le principe des fameux cadavres exquis chers aux surréalistes. Il se compose d’une succession de saynètes d’animation inspirées parfois d’un simple mot et réalisées avec les éléments les plus disparates qui soient, des papiers découpés à des photos et des accessoires de toutes natures.
L’ensemble dure une heure et ressemble à un coq-à-l’âne débordant de fantaisie où Michel Gondry brode à partir des mots que lui suggère sa fille avant de devenir l’héroïne facétieuses de ces petites histoires saugrenues et souvent poétiques. Des cadeaux que le cinéaste a la bonne idée de partager aujourd’hui avec le public et qui peuvent se savourer dès l’âge de 4 ans. Le réalisateur confie à l’acteur principal de son film précédent, Le livre des solutions, Pierre Niney, le soin de prêter sa voix à ce papa poule qui relève les défis les plus fous, en laissant libre cours à son imagination comme d’habitude débordante. Sur le plan esthétique, le réalisateur revendique l’influence de certains maîtres de l’animation des ex-Pays de l’Est davantage que celle de l’école anglo-saxonne, même s’il avoue goûter la fantaisie iconoclaste d’un Tex Avery. La réussite de Maya, donne-moi un titre réside dans son caractère impromptu et imprévu. Chaque mot suscite une succession d’idées qui s’enchaînent sur le principe de l’écriture automatique, tout en stimulant l’imagination de Gondry qui se souvient ici de ses débuts dans les années 80 comme décorateur et dessinateur pour des séries télévisées d'animation après avoir étudié à l’École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art. Chassez le naturel, il revient au galop et même ici au grand galop.
Jean-Philippe Guerand
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