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“Angelo dans la forêt mystérieuse” de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord



Film d’animation franco-luxembourgeois de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord (2024), avec (voix) Philippe Katerine, José Garcia, Yolande Moreau, Dario Hardouin-Spurio, Prune Bozo, Raphaël Lamarque, Marie Nonnenmacher, Benjamin Carlier, Antoine Tomé, Emmanuel Garijo… 1h21. Sortie le 23 octobre 2024.





L’animation moderne investit tant de territoires extrêmes qu’on en oublierait presque qu’elle s’adressait à l’origine au jeune public biberonné aux livres d’images. Une vocation initiale qu’Hollywood a transformé en industrie, mais qui reste chez nous une composante parmi d’autres de cet art ludique considéré parfois comme un banc d’essai en perpétuel devenir. Angelo dans la forêt mystérieuse s’inscrit ainsi dans la plus pure tradition du genre à travers l’adaptation de l’album de bande dessinée de Winshluss “Dans la forêt sombre et mystérieuse”, couronné de la prestigieuse Pépite d’or du salon du livre jeunesse de Montreuil, par son auteur, de son vrai nom Vincent Paronnaud, associé pour l’occasion avec Alexis Ducord, quant à lui déjà coréalisateur de Zombillénium (2017) d’Arthur de Pins. Pour son héros intrépide, Angelo, gamin de 10 ans en route pour rendre visite en famille à sa grand-mère, l’aventure débute lorsqu’il est… oublié sur une aire d’autoroute et doit prendre ses responsabilités en traversant une forêt pleine de dangers et de menaces. Variation autour des contes de fées et de leur pouvoir de suggestion où le moindre détail est susceptible de prendre des dimensions démesurées, surtout pour un enfant à l’imagination débordante et bien peu sensible au principe de réalité le plus élémentaire. Ce drôle de petit bonhomme à lunettes est notre guide dans cet imaginaire investi d’un pouvoir de suggestion spécifique à l’enfance.





Le cœur de cible d’Angelo dans la forêt mystérieuse se situe de 6 à 14 ans et repose pour une bonne part sur la propension de cette classe d’âge à se livrer à de folles élucubrations à partir des situations les plus anodines, la taille enfantine du petit héros le rendant impressionnable aux cadres les plus monumentaux. Ce conte initiatique qui assume et même reprend à son compte certains clichés exploite particulièrement bien la forêt et tous les mythes et légendes qui s’y rattachent, en transformant ses habitants les plus anodins en autant de créatures menaçantes, comme si elles étaient observées à l’aide d’un microscope. Dans la lignée de la série et des films de la franchise Minuscule dont elle recycle une invincible armada de fourmis. Le plaisir distillé par ce voyage fantastique se décline en deux niveaux : les enfants en apprécieront à la fois le caractère aventureux et la place accordée aux animaux de la forêt, tandis que les adolescents et les adultes goûteront pour leur part l’humour et le simple bon sens qui le caractérisent. Un esprit dont Vincent Paronnaud avait déjà donné un aperçu cinématographique à travers sa collaboration avec Marjane Satrapi sur Persepolis (2007), bien qu’il s’adresse cette fois à un public quelque peu différent et ne cherche à délivrer aucun message particulier, sinon qu’observer le monde à travers un regard d’enfant est un privilège auquel il est bien dommage de devoir renoncer sous prétexte qu’on est bien obligé de grandir.

Jean-Philippe Guerand





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