Film français d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2024), avec Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin, Noée Abita, Andranic Manet, Eol Personne, Suzanne de Baecque, Mireille Herbstmeyer, Sabrina Seyvecou, Marguerite Machuel, Robinson Stévenin, Christine Dory, Pierre Morel, Omar Saad, Marine Egraz… 1h41. Sortie le 14 août 2024.
Karim Leklou et Eol Personne
Les frères Larrieu ont pour maître mot l’humanisme. Qu’ils filment des scénarios de leur cru ou portent à l’écran des histoires imaginées par d’autres, c’est toujours avec les mêmes préoccupations à l’esprit. Ils s’inspirent pour leur nouveau film d’un roman de Pierric Bailly (P.O.L., 2021) que celui-ci leur a fait parvenir l’auteur qui ressentait des affinités avec leur cinéma. Il faut dire que cette histoire d’une femme libre qui choisit d’élever son fils avec le concours d’un ami enamouré avant que son géniteur ne déboule et l’enlève constitue un terreau fertile pour les réalisateurs qui en assument le caractère mélodramatique, en veillant à laisser son libre-arbitre au spectateur avec la complicité d’un trio de charme. La mère, c’est Laetitia Dosch confrontée à ses atermoiements. L’ami qui se transforme en père de substitution, c’est Karim Leklou. Le séducteur rattrapé par son devoir paternel, c’est le chanteur Bertrand Belin qui avait déjà composé une partie de la bande originale du précédent opus des Larrieu, la comédie musicale et chorale Tralala. Avec en son cœur ce petit Jim qui, une fois devenu un adulte mal dans sa peau, demandera des comptes à ceux dont il est devenu la raison d’être, mais qui l’ont trahi, chacun à leur tour.
Laetitia Dosch, Eol Personne
Bertrand Belin et Karim Leklou
Le roman de Jim est un film qui croit aux grands sentiments à travers la remise en cause de la paternité, à une époque où le cinéma a une fâcheuse réticence à opter pour le choix des larmes. Les frères Larrieu n’ont pas leur pareil pour écouter battre le cœur de leurs protagonistes. En l’occurrence ici, une femme qui se fait faire un enfant qu’elle décide d’élever avec la complicité de son meilleur ami, avant de laisser son géniteur se l’approprier sur le tard et l’emmener à l’autre bout du monde. Face à ces adultes au fond assez peu recommandables, le centre de gravité de cette histoire c’est cet enfant prodigue victime de leur comportement irresponsable et égoïste qui deviendra un adulte d’autant plus vulnérable qu’il a été aimé par trop d’adultes pour affronter à son tour cet âge avec sérénité, faute d’un modèle digne de ce nom. Il y a autant de cruauté que de tendresse dans Le roman de Jim. Un peu comme dans la vraie vie. Les Larrieu se comportent comme ces étalagistes chargés de composer les vitrines de certains magasins. Ils ne laissent aucun détail au hasard et brossent des portraits crachés peu flatteurs en poussant leurs interprètes à donner le meilleur d’eux-mêmes, ce qui est notamment le cas de Laetitia Dosch et Karim Leklou, prisonniers des grands sentiments de leurs personnages et fragilisés par des situations qui les dépassent et où les mots ne sont que de peu de secours. Quand il s’agit de laisser cicatriser, ces frères cinéastes sont des virtuoses de l’intime.
Jean-Philippe Guerand
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