Beverly Hills Cop : Axel F Film américain de Mark Molloy (2024), avec Eddie Murphy, Taylour Paige, Joseph Gordon-Levitt, Judge Reinhold, Kevin Bacon, John Ashton, Bronson Pinchot, Paul Reiser, James Preston Rogers, Patricia Belcher, Damien Diaz, Joseph Aviel, Michael Camp, Giovannie Cruz, Luis Guzmán… 1h55. Mise en ligne sur Netflix le 3 juillet 2024.
Joseph Gordon-Levitt et Eddie Murphy
Certains héros ont le cuir plus dur que d’autres. C’est le cas d’Axel Foley, ce flic cool apparu au milieu des années 80 qui a contribué à faire d’Eddie Murphy la première star de couleur depuis Sidney Poitier, sur un registre résolument populaire mais aussi beaucoup moins politique. Quarante ans plus tard, voici ce héros insubmersible qui réapparaît pour un quatrième opus, tel qu’en lui-même, à peine empâté, toujours souriant et débonnaire, mais renvoyé à son passé par une fille avocate (Taylour Paige) bien décidée à lui demander des comptes sur sa démission unilatérale en tant que père. Le film porte moins la griffe de son réalisateur, recruté pour sa compétence technique de simple exécutant, que celle de son producteur de légende, Jerry Bruckheimer, spécialiste éprouvé de la comédie d’action qui perpétue avec fidélité la mémoire de son associé Don Simpson (1943-1996) et un savoir-faire qui n’a rien perdu de son efficacité, comme en a attesté le revival Top Gun : Maverick quelque trente-six ans après l’original. Eddie Murphy a en commun avec Tom Cruise de traverser les époques sans trop de transformations physiques, contrairement à certains de ses partenaires d’origine, en l’occurrence ici Judge Reinhold et John Ashton. L’acteur reprend ici à 63 ans son premier rôle en vedette déjà décliné à trois reprises depuis 1984 pour le grand écran et une fois pour le petit. Le transfuge de Detroit se sent toujours comme un poisson dans les eaux troubles de Los Angeles, face à des ennemis toujours plus redoutables et des spécimens d’humanité parfois croquignolets, à l’instar du précieux ridicule campé par l’irrésistible Bronson Pinchot aux cheveux oxygénés.
Eddie Murphy
Le flic de Beverly Hills : Axel F. assume son statut de produit calibré et multiplie les connivences avec les opus précédents, sans chercher à courir après notre époque. On s’en rend compte à travers la bande originale qui puise allègrement parmi les tubes emblématiques des années 80 pour rythmer poursuites automobiles et séquences d’action à l’ancienne. Un tribut apporté à la nostalgie qui n’a cure de l’évolution du cinéma d’action hollywoodien sous l’influence des chorégraphes asiatiques et refuse la surenchère au profit de bonnes vieilles cascades à l’ancienne sans doute rehaussées par de discrets effets numériques. Il y a quelque chose de rassurant dans ce cinéma de pure consommation qui évacue les questions dérangeantes en confrontant Axel Foley à ses responsabilités en la personne de cette fille surgie de l’ère #MeToo à laquelle il ne parvient à opposer que sa bonhomie et sa décontraction légendaires d’incorrigible macho. Raccourci saisissant de la carrière d’un acteur qui a assumé sa passion unilatérale pour le cinéma spectacle et dont les rares échappées vers le cinéma d’auteur ont été sanctionnées par des bides sans appel. Reste qu’on aurait aimé aussi qu’il prenne davantage de risques et capitalise sur son immense popularité pour se frotter à de nouveaux rôles sur ce registre où il a su si souvent réussi à se montrer irrésistible. Reste que la coolitude a un autre nom : Axel Foley, le seul et l’unique.
Jean-Philippe Guerand
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