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“Horizon : une saga américaine - Chapitre 1” de Kevin Costner



Horizon : An American Saga - Chapter 1 Film américain de Kevin Costner (2024), avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jamie Campbell Bower, Luke Wilson, Thomas Haden Church, Isabelle Fuhrman, Jena Malone, Alejandro Edda, Tatanka Means, Michael Rooker, Ella Hunt, Jeff Fahey, Will Patton, Abbey Lee, Tom Payne… 3h01. Sortie le 3 juillet 2024.



Sienna Miller



Le western occupe depuis toujours une place à part dans le cœur de Kevin Costner, révélé comme comédien par Lawrence Kasdan dans Silverado (1985), puis passé lui-même à la réalisation avec Danse avec les loups (1990) couronné de sept Oscars et de trois Golden Globes. Un peu comme s’il s’était trompé d’époque, mais s’était juré de perpétuer une tradition cinématographique vieille comme… le septième art. Passé du film à la série avec Hatfields & McCoys et Yellowstone pour lesquels il a reçu deux Golden Globes en 2013 et 2023, le voici de retour sur grand écran avec un projet colossal : une fresque en quatre parties qui couvre une trentaine d’années déterminantes de l’histoire des États-Unis avant et après la guerre de Sécession, à travers la conquête de l’Ouest et l’éradication par les pionniers venus d’Europe des populations autochtones. Le premier chapitre en établit les fondements à travers plusieurs groupes humains qui vont tous converger vers un même lieu pour y construire une cité dont le nom reflète l’ambition : Horizon. Trois heures durant, cette fresque alterne les morceaux de bravoure et les intermèdes intimistes sans tomber dans le piège de ces sempiternelles scènes d’exposition chronophages qui ralentissent le rythme sous prétexte de nous expliquer qui est qui. Costner lui-même évite de se donner le beau rôle et n’apparaît qu’au bout d’une heure dans son emploi de prédilection : le cavalier solitaire plus doué pour l’action que pour la parole. Comme un prolongement masochiste des justiciers solitaires malheureux en amour qu’incarnèrent naguère James Stewart ou Gregory Peck, face aux héros inoxydables immortalisés par John Wayne et Gary Cooper.



Sam Worthington



Le film repose sur l’alternance des lieux et des actions, tout en illustrant certaines situations emblématiques du genre, à commencer par la rivalité des diverses communautés de pionniers et une répartition des tâches telle qu’ont pu l’illustrer Morris et Goscinny dans les albums de Lucky Luke. Autant dire que les amateurs de western seront à la fête face à cette anthologie en devenir qui ouvre des pistes dont il est trop tôt pour prédire la destinée. Une incertitude qui justifie les dix dernières minutes de cet opus foisonnant : on y voit des images du chapitre suivant (le tournage des deux derniers n’a débuté qu’au lendemain du Festival de Cannes) qui déflorent son contenu, mais reprennent un principe marketing des séries TV destiné à la fois à appâter et à fidéliser les spectateurs d’une saison à l’autre. Mais c’est sans doute là le prix à payer pour rassurer les investisseurs d’une saga dont chaque opus coûte cent millions de dollars. Reste qu’Horizon : une saga américaine - Chapitre 1 propose un spectacle qui assume son romanesque et affirme ses ambitions, sans bouder les conventions d’un genre dont le grand public risque d’avoir perdu l’habitude. Costner perpétue là sa conception personnelle d’un genre indissociable de l’âme américaine, melting-pot qui a donné ses lettres de noblesse à l’Union au point d’en revenir un siècle et demi plus tard à des fractures contemporaines venues de loin. Cette relecture de la conquête de l’Ouest et de la naissance d’une nation possède un souffle cantonné aujourd’hui exclusivement aux super-héros, à la science-fiction et à l’Heroic Fantasy. Il était temps qu’il revienne aux fondamentaux du cinema americana, même si l'accueil pour le moins glacial de la critique et du public américains ont hypothéqué l’avenir de cette franchise d’une folle ambition dont le Chapitre 2 a d’ores et déjà été repoussé aux calendes grecques et ne sortira probablement même pas en salle, l’avenir même des deux derniers opus semblant quant à lui sérieusement hypothéqué.

Jean-Philippe Guerand







Kevin Costner

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