Furiosa : A Mad Max Saga Film australo-américain de George Miller (2024), avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Alyla Browne, Tom Burke, Nathan Jones, Angus Sampson, Daniel Webber, Goran D. Kleut, Lachy Hulme, David Collins, Alex Time, Jacob Parker, C. J. Bloomfield, Quaden Bayles, Rahel Romahn, Robert McFarlane, Florence Mezzara… 2h28. Sortie le 22 mai 2024.
Compagnon de route de la nouvelle vague du cinéma australien révélée au monde dans les années 70, George Miller reste indissociable de la trilogie qu’il a bâtie crescendo autour du fameux “Guerrier de la route” : Mad Max (1979), Mad Max 2 : le défi (1981) et Mad Max : Au-delà du dôme du tonnerre (1985). Il y est revenu trente ans plus tard avec Mad Max : Fury Road dont il propose aujourd’hui non pas une suite mais un spin-off qui se concentre sur la jeunesse de l’impératrice campée initialement par Charlize Theron et qu’incarne la comédienne britannique Anya Taylor-Joy révélée par la série Le jeu de la dame (2020). Furiosa : une saga Mad Max est comme on peut s’y attendre une fresque de bruit et de fureur où tous les coups sont permis. Ce nouveau chapitre de la légende est aussi le reflet du cinéaste accompli qu’est devenu Miller en près d’un demi-siècle, alors que le septième art lui-même n’a plus grand-chose à voir avec ce qu’il était à ses débuts, numérique et essor des effets spéciaux obligent. Il le démontre une nouvelle fois en donnant un élan inattendu à son œuvre maîtresse, celle pour laquelle la postérité se souviendra de lui, tant elle est le reflet des différentes époques qui l’ont engendrée. Il nous livre cette fois une sorte de prequel dans lequel une gamine prénommée Furiosa est traumatisée par la mort de sa mère et décide de consacrer son existence à la venger.
Anya Taylor-Joy
Ce film découpé en chapitres décrit des guerres claniques dans une atmosphère post-apocalyptique où les barbares roulent à tombeau ouvert à bord de véhicules qui vont du camion-citerne au semi-remorque en passant par une version customisée du char de Ben-Hur, quand ils ne chevauchent pas des gros cubes ou ne pilotent pas des voitures qu'on croirait carrossées par Dyson. En abordant ce nouveau chapitre, George Miller livre à la fois la synthèse de son œuvre et son aboutissement. Rarement l’intégration des effets numériques s’est avérée aussi spectaculaire que dans ce film qui cultive une élégance de chaque plan et rebondit en permanence par sa façon d’exploiter visuellement les étendues désertiques australiennes sur les images inoubliables des étendues de sable du Lawrence d’Arabie de David Lean avec un sens graphique parfois poussé jusqu’à la stylisation extrême. Furiosa : une saga Mad Max tranche avec les blockbusters traditionnels par sa façon résolue d’aller à l’essentiel en réduisant à néant les scènes d’exposition. Comme si Miller savait qu’il s’adresse en priorité à ses aficionados et que c’est du grand spectacle qu’ils attendent de lui et pas une logorrhée inutile. À l’instar de la composition presque mutique d’Anya Taylor-Joy, face à un Chris Hemsworth tout en pectoraux qui connaîtra un destin pour le moins inattendu. Le rythme du film est absolument sidérant, à l’exception d’une quinzaine de secondes où un silence total se fait et des quelques fondus au noir qui ponctuent ce grand-huit. Avec en plus une touche féministe bienvenue qui montre quelle voie emprunteront la guerrière et ses amazones de blanc vêtues. Ne surtout pas bouder son plaisir quand il est d’une telle qualité.
Jean-Philippe Guerand
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