Film français de Florent Bernard (2024), avec Charlotte Gainsbourg, José Garcia, Lily Aubry, Hadrien Heaulmé, Louisa Baruk, Lyes Salem, Luis Rego, Sébastien Chassagne, Jérôme Niel, Mariamne Merlo, Adrien Ménielle, Benjamin Tranié, Simon Astier, Justine Le Pottier, Taïdir Ouazine, Sophie-Marie Larrouy, Baptiste Lecaplain, Vincent Tirel, Kevin Ké… 1h43. Sortie le 10 avril 2024.
Hadrien Heaulmé, Charlotte Gainsbourg et Lily Aubry
Chez les Leroy, l’atmosphère n’est pas vraiment au beau fixe. C’est au moment où le couple parental se trouve au bord de la crise de nerfs et d’un divorce inéluctable, sans amant ni maîtresse en guise d’alibi, que le mari hâbleur a l’idée saugrenue d’organiser un pèlerinage sur les lieux mémorables qui ont jalonné leur bonheur familial. Son épouse se montre pour le moins dubitative. Quant à leurs deux enfants, ils se sentent quant à eux en quelque sorte pris en otages de cette tentative sordide de recoller les morceaux du couple en lambeaux. On passera sur le fait que le scénario de ce film ressemble beaucoup à celui d’une autre comédie sentimentale sortie il y a moins de deux ans : On sourit pour la photo de François Uzan où Jacques Gamblin embarquait femme et enfants en Grèce afin de reconstituer méticuleusement les moments de bonheur de son album de famille. C’est cette fois José Garcia qui tient ce rôle et tente par son bagout de concessionnaire automobile de sauver son couple d’un désastre consommé. Avec face à lui Charlotte Gainsbourg, décidément jamais aussi à son aise que sur le registre de la comédie sentimentale qui lui sied si bien. Transfuge du collectif Golden Moustache associé à des succès comme Bloqués et La flamme, Florent Bernard connu sous son pseudo de FloBer signe là un premier film résolument classique qui ne revendique ostensiblement pas la moindre audace, ni dans le fond ni dans la forme, sinon que le rire propre à la comédie a une fâcheuse tendance à s’étrangler dans la gorge. Qiuant au langage des ados aucun carbone 14 n’aiderait à le dater avec précision. Sans doute pour séduire un public senior, sans risquer de le troubler par des dialogues trop codés.
José Garcia, Hadrien Heaulmé
Lily Aubry et Charlotte Gainsbourg
Grand prix au festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez qui est le showroom annuel du genre, Nous, les Leroy semble sorti d’une autre époque où le parcours imposé du Road Movie est mis au service d’une cause perdue d’avance. Au point que sa meilleure idée réside en fait dans son dénouement. Il eût fallu un Jean-Paul Rappeneau, un Philippe de Broca, un Yves Robert voire l’Éric Lartigau de Prête-moi ta main (2006) ou le Pascal Chaumeil de L’arnacœur (2010) pour faire pétiller cette comédie sentimentale qui se contente d’arpenter les sentiers battus, sans jamais chercher à trouver des solutions cinématographiques à un postulat de boulevard propice à tous les rebondissements. C’est d’autant plus dommage que le couple formé par Charlotte Gainsbourg et José Garcia possède au naturel un réel potentiel de charme et d’humour que la mise en scène contraint ici à rester au stade de ses bonnes intentions. Non seulement on ne compatit jamais aux tourments de ces personnages, mais on en vient à porter sur eux un regard qui ressemble à celui de leurs enfants consternés de se découvrir plus matures que leurs parents en situation de crise. La comédie française traverse aujourd’hui une panne d’inspiration qui condamne le cinéma à courir derrière la télé et les plateformes de streaming en matière d’imagination et d’invention. Elle aurait plus que jamais besoin de créateurs inventifs qui la prennent vraiment au sérieux sans bouder pour autant leur plaisir. Admettons toutefois que ce n’est pas chose facile que de faire rire d’un couple qui se déchire pour la dernière fois et encore plus ardu de convaincre les spectateurs qu’ils passeront un bon moment à ce spectacle banal traité en l’occurrence sans empathie ni tendresse. Seuls les seconds rôles Lyes Salem, Luis Rego et Sébastien Chassagne s’en tirent à leur avantage.
Jean-Philippe Guerand
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