Film franco-belge d’Édouard Bergeon (2024), avec Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes, Julie Chen, Antoine Bertrand, David Chin, Adam Fitzgerald, Philippe Torreton… 2h04. Sortie le 27 mars 2024.
Félix Moati (à droite)
Les pilleurs de la terre
Après des débuts fracassants avec Au nom de la terre, on attendait au tournant Édouard Bergeon qui partage avec Hubert Charuel (Petit paysan) la particularité d’être issu du monde agricole. Il élève considérablement le niveau de ses ambitions avec La promesse verte qui évoque un problème inhérent aux ravages de la mondialisation : la déforestation massive de certains territoires due à l’exploitation de l’huile de palme qui menace à terme un équilibre écologique déjà fragile. Il adopte pour cela le point de vue d’un militant européen emprisonné arbitrairement en Indonésie pour avoir assisté à des manifestations réprimées violemment par une milice clandestine agissant pour le compte du lobby industriel et des multinationales dont il a identifié le chef dans une situation compromettante. Avec en contrepoint le combat que mène sa mère venue de France pour obtenir sa libération avec le soutien d’un attaché d’ambassade impliqué. Un schéma classique pour un film qui entend faire bouger les lignes et sensibiliser la population à des pratiques abusives sur lesquelles n’importe quel citoyen doué de raison peut agir en conformant ses habitudes alimentaires à des pratiques responsables. Message sous-jacent : en troquant sa pâte à tartiner bourrée d’huile de palme contre des substituts qui ne mettent pas en péril l’équilibre écologique de la planète, n’importe quel consommateur peut contribuer à mettre un terme à ces pratiques irresponsables à but lucratif, en adoptant un comportement citoyen sans sacrifier pour autant son plaisir.
Félix Moati et Alexandra Lamy
Prise de conscience
Engagé comme parrain de l’association “Des enfants et des arbres” depuis sa création, Édouard Bergeon s’inscrit résolument dans la tradition de ces cinéastes pour qui leur art doit contribuer à faire évoluer la société en l’interpelant et en la sensibilisant afin de susciter un sursaut collectif, à l’exemple de Costa-Gavras ou de Ken Loach. Venu du journalisme et du documentaire, il revendique la pratique d’un cinéma coup de poing qui assume son caractère grand public pour sensibiliser le plus vaste auditoire possible à une juste cause. Mission accomplie dans ce film qui a le mérite de poser simplement le problème en dressant l’état des lieux d’une situation rarement abordée dans les canaux d’information traditionnels, le plus souvent faute d’images et de sons. Le scénario aborde deux points de vue différents : celui du militant soucieux de révéler à l’opinion publique la véritable origine de l’huile de palme qu’incarne avec un mélange d’innocence et d’idéalisme un Félix Moati très convaincant et l’enseignante de collège mue par son instinct maternel que personnifie Alexandra Lamy dans une subtile alchimie de naïveté et de détermination qui sied à son statut de star populaire. La puissance de conviction du film repose pour une bonne part sur la personnalité de ces deux protagonistes de formations différentes entraînés malgré eux dans une croisade qui les réunit. Comme l’avant-garde héroïque d’un combat inégal qui trouve avec ce film de fiction au manichéisme assumé une chambre d’écho de nature à grossir les rangs de nos contemporains pour qui la protection de l’environnement n’est pas un vain mot, mais une cause majeure et même une question de vie ou de mort. Dès lors, tous les moyens sont bons, y compris un certain didactisme pédagogique de nature à sensibiliser les moins informés sur cet enjeu fondamental.
Jean-Philippe Guerand
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