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“Role Play” de Thomas Vincent




Film américano-français de Thomas Vincent (2023), avec Kaley Cuoco, David Oyelowo, Connie Nielsen, Bill Nighy, Rudi Dharmalingam, Sonita Henry, Simon Delaney, Lucia Aliu, Angus McGruther, Reagan Bryan-Gudgeon, Jade-Eleena Dregorius, Julia Schunevitsch, Stephanie Levi-John, Steffen Jung, Matthias Schmidt, Dominic Holmes… 1h41. Mise en ligne sur Prime Video le 13 janvier 2024.



Kaley Cuoco et David Oyelowo



Emma et Dave Brackett ont tout pour être heureux : un train de vie confortable, des situations professionnelles enviables et deux enfants délicieux dont l’aîné a une autre mère peu présente. À une petite nuance près : le mari ne sait pas tout du véritable métier de son épouse, sinon qu’elle voyage beaucoup et qu’elle contribue généreusement à l’entretien du ménage. Jusqu’au jour où les deux tourtereaux décident de célébrer leur anniversaire de mariage en se livrant à un jeu de rôles : ils feront mine de se rencontrer au bar d’un hôtel de luxe sous des identités différentes pour vivre une seconde rencontre encore plus inoubliable que la première. Mais rien ne se passe tout à fait comme prévu lorsqu’un inconnu vient gâcher leurs plans en se montrant un peu trop entreprenant vis à vis d’Emma…  Role Play part d’une question que tous les amateurs d’espionnage se sont posés un jour ou l’autre : comment un agent secret peut-il exercer son activité à l’insu de ses proches ? C’est un réalisateur français qui s’emploie à répondre cette question : Thomas Vincent, repéré dès son premier long métrage, Karnaval (1999), et qui se partage depuis entre le cinéma et la télévision où il a collaboré à des séries comme Borgia, Versailles, Possessions et Reacher qui lui ont permis de démontrer son efficacité sur des registres différents. Une qualité qu’on retrouve dans son premier long métrage en langue anglaise, sept ans après son adaptation décevante du roman de Jean-Paul Dubois La nouvelle vie de Paul Sneijder.



Kaley Cuoco et Bill Nighy



Role Play est un thriller rondement mené qui montre comment la vie idyllique d’un couple vole en éclats sous l’effet d’une révélation qui remet en cause non seulement leur histoire mais leurs relations de confiance. Un sujet qui évoque celui de la célèbre série Alias de J. J. Abrams dans laquelle Jennifer Garner devait jongler avec plusieurs identités. L’intrigue imaginée par le scénariste Seth W. Owen est a priori plus simple et se concentre sur les conséquences d’un mensonge avec lequel vit depuis si longtemps le personnage incarné par Kaley Cuoco qu’il lui est devenu comme une nouvelle peau. Le choix de cette actrice est par ailleurs un atout maître, compte tenu de l’expérience considérable qu’elle a accumulée dans les rôles principaux des séries télévisées The Big Bang Theory et Harley Quinn. Face à elle, David Oyelowo contraste avec elle par la candeur dont il pare son interprétation du mari de ce couple mixte, tandis que l’Anglais Bill Nighy et la Danoise Connie Nielsen ajoutent des touches de fantaisie et de charme à leurs personnages. La plus grande qualité de ce jeu de rôles tordu à souhait réside dans son rythme qui évite opportunément de se poser certaines questions de logique élémentaire sur le simple fait qu’un couple puisse vivre ainsi pendant des années en plein mensonge avec la complicité tacite d’un entourage lui aussi fabriqué de toutes pièces. Mais là n’est pas l’essentiel et il est sans doute préférable de laisser son cartésianisme au vestiaire pour savourer pleinement ce film.

Jean-Philippe Guerand






Kaley Cuoco et David Oyelowo

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