Mean Girls Film américain de Samantha Jayne et Arturo Perez Jr. (2023), avec Angourie Rice, Reneé Rapp, Tina Fey, Avantika Vandanapu, Bebe Wood, Christopher Briney, Auli’i Cravalho, Jaquel Spivey, Tim Meadows, Busy Philipps, Jenna Fischer, Jon Hamm, Ashley Park… 1h52. Sortie le 10 janvier 2024.
Angourie Rice
Il y a tout juste vingt ans, Lolita malgré moi offrait à la starlette de l’écurie Disney Lindsay Lohan l’un de ses rôles les plus emblématiques sur un scénario coécrit par Rosalind Wiseman et la transfuge du “Saturday Night Live” Tina Fey. C’est cette dernière qui initie aujourd’hui la version musicale de cette comédie pour teenagers devenue culte et montée à Broadway en 2018. L’argument est le même : Cady Heron se lie d’amitié avec quelques filles de son lycée avant de s’attirer les foudres de la reine de beauté locale, Regina George. La comédie de lycée est un genre à part entière à Hollywood où les plus grands réalisateurs s’y sont illustrés sur à peu près tous les registres, de George Lucas (American Graffiti) à Brian de Palma (Carrie) en passant par les films de John Hughes, maints films d’horreur et des franchises aussi fameuses que Grease et American Pie. Mean Girls, Lolita malgré moi en recycle tous les poncifs avec une efficacité indéniable, en perpétuant à dessein une vision emblématique de ce monde à part où foisonnent les archétypes, de l’oie blanche à la reine de beauté, en passant par les cancres sportifs et les pom pom girls sacrifiées au champ d’honneur sous l’effet du mouvement #MeToo.
Jaquel Spivey, Angourie Rice et Auli’i Cravalho
Autant l’argument du film est délibérément convenu, autant son traitement met ses clichés en perspective. Un parti pris qui passe par un casting volontairement disruptif. Le rôle principal est tenu par l’actrice australienne Angourie Rice, sa rivale par la chanteuse Reneé Rapp qui a déjà incarné son personnage de Regina George à la scène. Le film repose sur une mécanique éprouvée et un lifting salutaire qui colle à l’époque et semble promis à effacer des mémoires la version précédente sans céder pour autant à la dictature du wokisme, même si le point de vue est délibérément féminin. Tina Fey et Tim Meadows reprennent quant à eux leurs rôles d’origine. Ne pas se mentir : Mean Girls, Lolita malgré moi n’est pas la huitième merveille du monde, ni même une œuvre subversive, mais une comédie qui s’inscrit dans une longue tradition populaire et repose sur un tempo plutôt efficace. On en sort en se disant qu’on a passé un moment plutôt agréable, même si tout cela n’est pas très original et qu’on est en droit de préférer la modernité de La plus belle pour aller danser, une comédie française de Victoria Bedos sortie il y a quelques mois, mais passée injustement inaperçue, malgré un discours subversif à souhait. C’est toute la différence entre un cinéma européen encore capable d’imagination et son homologue hollywoodien qui se contente trop souvent de recycler des recettes un rien éculées. De peur d’étonner et de détonner ?
Jean-Philippe Guerand
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