Film français de Caroline Vignal (2023), avec Laure Calamy, Vincent Elbaz, Suzanne de Baecque, Sylvain Katan, Laurent Poitrenaux, IZM, Nicolas Godart, Alexandre Steiger, Zoé Richard, Daphné Crépieux, Olivia Côte… 1h38. Sortie le 3 janvier 2024.
Laure Calamy (au centre)
On attendait beaucoup des retrouvailles de Caroline Vignal et de Laure Calamy, ci-devant réalisatrice et actrice d’Antoinette dans les Cévennes, Road Movie souriant devenu un véritable phénomène de société en cet automne 2020 qui succédait à un confinement et préludait à un autre durant lequel les cinémas seraient purement et simplement fermés. Les deux complices se retrouvent aujourd’hui pour une comédie sentimentale et parfois musicale dans laquelle une quadra confrontée à la chute de libido de son mari décide de trouver des substituts parmi les réseaux sociaux dont elle n’avait pas soupçonné l’étendue des ressources relationnelles comme substituts des clubs de rencontre d’antan. Iris et les hommes porte un regard assez juste sur les nouveaux rapports amoureux à l’ère d’Internet, en montrant à quel point tout ce qui semblait a priori plus facile s’avère en fait souvent beaucoup plus compliqué. Le titre du film résonne quant à lui en écho à celui d’un classique de Jean Renoir, Elena et les hommes (1956), situé quant à lui un siècle plus tôt dans le Paris de la Belle Époque. Une coquetterie de la part de la réalisatrice qui n’a cure du contexte social et dresse un état des lieux de la solitude affective ambiante, à travers le personnage incarné par Laure Calamy qui refuse la fatalité de la routine.
Vincent Elbaz et Laure Calamy
La cinquantaine constitue une véritable épreuve de vérité pour les femmes qui se voient parfois préférer des jeunettes par leurs compagnons. Tel est en tout cas le cliché que s’acharnent à colporter depuis des lustres la littérature, le théâtre et le cinéma, sans chercher à détacher la réalité du cliché, à de très rares exceptions près. Pour être réalisatrice, Caroline Vignal n’en est pas moins femme et tord le cou à cette idée reçue avec enthousiasme dans son nouveau film. Iris et les hommes aborde en fait le contrechamp de la représentation masculine traditionnelle, en adoptant le point de vue d’une dentiste parisienne, épouse et mère qui éprouve le besoin de retrouver des sensations assoupies et de rompre avec la fatalité de la ménopause. Un sujet grave qui inspire ici une comédie sentimentale dépourvue d’interdits. À l’image de la sémillante Laure Calamy dont le personnage n’hésite jamais à prendre ses désirs pour des réalités et à aller au bout de ses rêves. Comme dans ce morceau d’anthologie musical où elle se met à danser au rythme du standard “It’s Raining Men” (utilisé notamment par la voix de Geri Halliwell dans Le journal de Bridget Jones) dans sa version française “Il pleut des hommes” illustrée au pied de la lettre. Cette renaissance de l’amour élude toutefois pour l’essentiel son expression la plus triviale, l’acte sexuel proprement dit, en se concentrant davantage sur les préliminaires et les conséquences. Un processus qui marque une véritable renaissance à tous points de vue et préserve son héroïne dont l’enthousiasme s’avère communicatif, à la fois pour ses partenaires d’un soir, son mari vissé à son ordinateur et les spectateurs. Avec une morale positive à la clé qui pare cette fable d’un charme particulier.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire