Film américain de Paul King (2023), avec Timothée Chalamet, Calah Lane, Keegan-Michael Key, Paterson Joseph, Matt Lucas, Mathew Baynton, Sally Hawkins, Hugh Grant, Rowan Atkinson, Jim Carter, Natasha Rothwell, Olivia Colman, Rich Fulcher, Rakhee Thakrar, Tom Davis, Kobna Holdbrook-Smith… 1h57. Sortie le 13 décembre 2023.
Timothée Chalamet
Dans le collimateur du wokisme qui a préconisé de réécrire certains de ses textes à l’aune des mœurs contemporaines, l’écrivain Roald Dahl demeure toutefois une source inépuisable pour les créateurs contemporains, ainsi que l’ont attesté récemment les quatre courts métrages qu’il a inspirés à Wes Anderson, sans mentionner les sorts divers réservés à Matilda, James et la pêche géante, Sacrées sorcières et Le Bon Gros Géant (l’un des ratages les plus mémorables de Steven Spielberg). Au point de devenir une marque à part entière, comme l’atteste le générique de Wonka. On se souvient évidemment de ces deux références du film pour enfants que sont les deux versions de Charlie et la chocolaterie interprétées par Gene Wilder et Johnny Depp. C’est aujourd’hui Timothée Chalamet dans la période d’apprentissage de ce personnage qui va se faire connaître par son talent de chocolatier mais ne parviendra à ses fins qu’en déjouant les coups fourrés de ses concurrents avec le soutien inattendu d’une bande de proscrits parmi lesquels une jeune orpheline qui s’accroche à ses rêves. Le tout agrémenté de quelques numéros musicaux joliment chorégraphiés qui ont de quoi séduire le plus vaste public familial qui soit. Wonka répond ainsi à toutes les règles du film de Noël susceptible de rivaliser à une offre représentée cette année presque exclusivement par l’animation où il y a beaucoup d’appelés mais ne resteront sans doute que peu d’élus.
Timothée Chalamet
Wonka exploite en quelque sorte tout ce qu’il y a de Dickens chez Dahl. À savoir une vision du monde conditionnée par des différences sociales appuyées et un manichéisme d’autant moins répréhensible qu’il ne sert qu’à nourrir un dénouement conforme à la morale et réduit le misérabilisme à sa plus simple expression. L’adaptation qu’en livre Paul King mise en outre beaucoup sur le merveilleux et de multiples facettes du cinéma spectacle. Avec en prime deux invités de marque : Rowan Atkinson alias Mister Bean dans un revival savoureux du prêtre gaffeur qu’il incarnait dans Quatre mariages et un enterrement et Hugh Grant en Ompa Loompa haut comme trois pommes mais galvanisé par sa petite taille. Deux invités de marque pour un film qui a le bon goût de ne jamais chercher à rivaliser avec Tim Burton, mais distille un charme souvent délicieux en misant sur les ressources d’une illusion qui n’aurait sans doute pas déplu à Georges Méliès. Avec aux commandes un réalisateur britannique qui avait effectué ses premières armes en mettant en scène l’ours Paddington à deux reprises et s’attaque désormais à un Biopic de Fred Astaire dont on peut espérer au moins des séances musicales réussies. Ce Wonka en augure le meilleur par son sens du tempo.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire