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“Wish - Asha et la bonne étoile” de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn



Wish Film d’animation américain de Chris Buck et Fawn Veerasunthorn (2023), avec Ariana DeBose / Océane Demontis, Chris Pratt / Lambert Wilson, Alan Tudyk / Gérard Darmon, Angelique Cabral / Isabelle Adjani, Victor Garber / Patrick Raynal, Natasha Rothwell / Annie Milon, Jennifer Kumiyama / Camille Timmerman… 1h35. Sortie le 29 novembre 2023.





Ce film n’est pas un dessin animé comme les autres. Sous ses dehors protocolaires de cadeau de Noël, il s’agit ni plus moins que de la contribution des studios Disney à leur propre centenaire. Une sorte de bouquet final de ces célébrations auxquelles se plient les Majors hollywoodiennes les unes après les autres. C’est dire qu’il convient de regarder Wish - Asha et la bonne étoile avec une attention particulière, car au-delà de son cadre qui nous introduit dans l’intimité d’une princesse des mille et une nuits mais aussi de l’ère #MeToo, le film brasse à dessein de multiples techniques, des plus frustres aux plus sophistiquées, comme pour nous faire partager le chemin considérable accompli en un siècle. Des clins d’œil pour initiés qui s’intègrent plutôt harmonieusement dans un récit quant à lui très classique. Dans le royaume imaginaire de Rosas où tous les souhaits peuvent s’exaucer, la jeune Asha déclenche par la seule force de sa volonté l’irruption de Star, une boule d’énergie surgie du cosmos avec laquelle elle va défier le roi Magnifico, un souverain à l’ancienne dont les deux alliés vont bousculer les certitudes. Un propos très actuel qui passe par la virtuosité traditionnelle des Studios Disney et pas moins de sept chansons. Le cahier des charges est donc rempli pour un nouveau succès populaire. Reste l’essentiel : le propos du film. Et là, l’association d’un réalisateur américain expérimenté, Chris Buck, avec une Thaïlandaise de la jeune génération, Fawn Veerasunthorn, provoque une alchimie pétillante de malice.





Le personnage d’Asha est une sorte de prototype qui s’appuie sur une longue lignée de princesses Disney en s’inspirant de l’air du temps et de l’évolution des mœurs. Une démarche qui s’inscrit dans une certaine logique quand on observe les revendications manifestées par ces demoiselles, en donnant un sacré coup de jeune aux contes de fées d’où elles étaient issues dans un esprit d’anachronisme assumé. De la Petite sirène à la Reine des neiges en passant par Raiponce, l’esprit de révolte de l’adolescence a dévié vers les aspirations pressantes du féminisme et la réalité a fini par rattraper la fiction. Et le succès de ces égéries a sans doute contribué à apporter de l’eau au moulin des jeunes spectatrices (et spectateurs !) qu’aucun parti n’aurait pu rallier à sa cause aussi naturellement. La magie Disney a donc contribué à faire vivre avec son temps un jeune public qui ne cesse de se renouveler et dont elle reste le cœur de cible. Wish - Asha et la bonne étoile n’en perd pas de vue pour autant l’essentiel : un sens du spectacle infaillible qui passe par des personnages charismatiques et un anthropomorphisme de nature à ravir les plus petits. Bref, un spectacle plaisant qui offre exactement ce qu’on était en droit d’en attendre, en respectant cette loi qui consiste aujourd’hui à s’adresser en priorité aux enfants, sans qu’il s’agisse en aucun cas d’une corvée pour les adultes qui les accompagnent et même si le sous-texte se trouve réduit ici à sa plus simple expression.

Jean-Philippe Guerand






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