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Woody Allen : Le pari de Paris

Woody Allen sur le plateau de Coup de chance

© D. R.



C’était impossible… Il l’a fait ! Comme le cinéaste iranien Abbas Kiarostami s’était aventuré à aller tourner Copie conforme (2010) en Toscane et Like Someone in Love (2012) au Japon, sans articuler pour autant un seul mot d’italien ou de nippon, Woody Allen signe aujourd’hui avec Coup de chance un film intégralement en français interprété par Lou de Laâge, Melvil Poupaud, Niels Schneider et Valérie Lemercier. Un thriller sentimental qui s’inscrit dans la lignée de Match Point, Scoop et Le rêve de Cassandre par son goût du mystère. C’est confortablement installé dans son canapé new-yorkais qu’il a répondu aux multiples questions que pose ce film présenté hors compétition à la Mostra de Venise qui est la cinquantième réalisation de sa carrière. Il y concrétise un amour pour la culture française qui s’est déjà exprimé dans des films tels que Guerre et amour (1975), Tout le monde dit I Love You (1996) et Minuit à Paris (2011). À 87 ans, le cinéaste new-yorkais a publié simultanément en français chez Stock le 13 septembre un recueil de nouvelles comme il en a le secret, “Zéro gravité”, et continue à jouer de la clarinette en concert avec le fameux Woody Allen & His New Orleans Jazz Band au cours d’une tournée européenne qui a précédé la sortie de Coup de chance.





Bande-annonce de Coup de chance



Vous avez souvent filmé dans des pays européens, mais c’est la première fois que vous tournez dans une langue étrangère. Qu’est-ce qui vous a décidé à franchir ce pas ?

À l’origine, j’avais prévu de tourner ce film en anglais car il se déroulait parmi la communauté des Américains installés à Paris. Mais en tant qu’admirateur inconditionnel du cinéma européen, j’avais toujours rêvé de m’immerger à mon tour en son sein, ce qui ne s’était pas révélé possible jusqu’alors. Or, ce sujet m’en donnait enfin l’occasion, dans la mesure où il s’agit d’une production indépendante. Quand j’en ai suggéré l’idée, je m’attendais à n’obtenir que des refus, mais, à ma plus grande surprise, cette idée n’a suscité que des réactions positives. Après tout, c’était une idée naturelle de tourner en langue française un film dont l’intrigue se déroule dans ce pays. Par ailleurs, j’y avais déjà tourné à plusieurs reprises et j’en avais gardé d’excellents souvenirs. J’ai donc conçu cette aventure comme un véritable hommage aux cinémas européen et français, ce qui constituait pour moi un honneur.


Avez-vous écrit le scénario de Coup de chance intégralement à New York où avez-vous eu besoin de vous imprégner de l’atmosphère parisienne pour certaines scènes ?

Je n’ai jamais envisagé les choses de la sorte. J’ai écrit le scénario en anglais, comme j’en ai l’habitude, et j’ai demandé ensuite à quelqu’un de le traduire en français, dans la mesure où je ne suis pas très à l’aise avec cette langue. La suite a été identique à ma façon de procéder sur mes autres films. Le chef décorateur m’a emmené visiter des lieux de tournage qu’il avait repérés et j’ai choisi ceux qui me convenaient le mieux. J’ai eu de longues discussions avec mon chef opérateur, Vittorio Storaro, afin que nous établissions des règles concernant le travail sur l’image. En fait, tout s’est passé très exactement comme quand je tourne un film à New York ou dans n’importe quel autre endroit. Seule la langue était différente.


Comment avez-vous choisi vos interprètes ?

Je peux vous assurer qu’on est en mesure de déterminer si un acteur joue bien, quelle que soit la langue dans laquelle il s’exprime, par sa façon de bouger et de s’exprimer. Quand je regarde un film japonais ou italien, je n’ai pas besoin de comprendre ce qui se dit pour être à même de juger le talent de celui qui est à l’écran. Au moment du casting, il m’a donc suffi d’observer les candidats qui se présentaient pour juger de leur justesse et savoir s’ils correspondaient au rôle pour lequel ils auditionnaient. Par ailleurs, quand certaines choses venaient à m’échapper, je faisais appel à ma scripte, c’est-à-dire à la personne qui est la plus proche de moi sur un plateau, afin de vérifier que mes intentions avaient bien été respectées. Quand il s’avérait que ce n’était pas le cas, ce qui s’est avéré très rare, j’allais parler aux acteurs pour préciser un point ou un autre.



Niels Schneider et Lou de Laâge dirigés par Woody Allen

sur le plateau de Coup de Chance



Aviez-vous en tête certains films français en particulier quand vous vous êtes lancé dans cette aventure ?

Je n’avais aucun film français en tête, à une exception près : Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle dont la musique m’avait marqué. Cette improvisation jazz de Miles Davis m’a semblé convenir parfaitement à Coup de chance. Ma connaissance personnelle du cinéma français remonte à mes jeunes années. À cette époque, il en sortait presque toutes les semaines dans les salles new-yorkaises et les films européens avaient la cote parmi ma génération, y compris avant productions américaines, car ils incarnaient le cinéma en tant qu’expression artistique.


Votre film décrit le rituel de la chasse. Faut-il y voir un hommage à une scène célèbre de La règle du jeu de Jean Renoir ?

C’est évidemment l’un des plus beaux films qu’il m’ait été donné de voir dans ma vie et je suis un inconditionnel de Renoir que je regrette de ne jamais avoir pu rencontrer lorsqu’il vivait à Los Angeles. S’il faut y voir une influence dans mes propres films, elle est ailleurs et plus inconsciente. Elle se trouve davantage dans les interactions sociales qu’il met en scène dans ses films en confrontant des personnages issus de milieux différents. Or, je me suis moi-même attaché à ces types de rapports. Pour prendre un exemple précis, il pouvait mettre en scène une conversation entre deux personnes dans une pièce vide, sans utiliser d’autre artifice que la parole pour faire jaillir l’émotion et faire monter la tension. C’est ce que j’ai tenté de faire moi aussi dans Hannah et ses sœurs ou Maris et femmes, en utilisant un vocabulaire avec lequel je n’étais pas nécessairement familier par mon éducation et mes origines sociales. Mais c’est vrai que la simple vision des films de Renoir m’a influencé.


Avez-vous fait répéter vos interprètes avant le début du tournage ?

Je ne répète jamais. Il y a même des scènes dans certains de mes films où j’ai vu pour la première fois la personne qui joue… juste avant la prise. Sur Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, je n’avais jamais rencontré ni adressé la parole à Naomi Watts lorsqu’elle a débarqué sur le plateau pour tourner son premier plan. Je l’ai accueillie, lui ai souhaité la bienvenue, elle a pris ses marques et on a tourné. Mon sentiment profond est que la plupart des acteurs peuvent très volontiers se passer de répétitions. Ils ont besoin de lire le scénario pour accepter de tourner le film en pleine connaissance de cause. Mais ensuite, ils n’ont pas besoin de passer des heures à répéter et à discuter du rôle. Ce travail, ils l’ont déjà fait en y réfléchissant de leur côté. J’apprécie beaucoup la spontanéité qu’apporte l’absence de répétitions. En outre, comme j’ai tourné beaucoup de comédies, j’ai pu constater que l’humour s’érode au fil des prises et que ça contribue à me faire perdre la confiance que j’accorde à mon scénario et à mes dialogues. On y perd en spontanéité et en éclat.



Bande-annonce américaine d'Accords et désaccords (1999)

de Woody Allen



Tournez-vous également un nombre restreint de prises ?

En général, oui. Sauf quand la demande vient des acteurs. Dans ce cas-là, j’accepte systématiquement, mais certains seraient prêts à en tourner dix ou vingt de plus. J’essaie souvent de leur expliquer qu’ils ne feront pas mieux, mais ils s’obstinent en affirmant qu’ils vont encore s’améliorer et je cède. Pour moi, l’essentiel est qu’ils se sentent à leur aise, détendus, en confiance, qu’ils dorment paisiblement sans se réveiller au beau milieu de la nuit en se disant qu’ils auraient pu faire beaucoup mieux si seulement ils avaient pu tourner une prise supplémentaire. Je les laisse en faire autant qu’ils le souhaitent, mais en ce qui me concerne, je me contente parfaitement d’une ou deux prises. Je me rappelle que sur le tournage d’Accords & désaccords, Sean Penn avait une très longue tirade en quittant une plage dont je lui ai dit qu’elle me semblait impeccable et qu’il n’arriverait jamais à faire mieux. Et il a convenu de s’en tenir là. Je ne fais pas partie de ces réalisateurs qui portent attention au moindre détail et multiplient les prises jusqu’à ce qu’ils obtiennent satisfaction. Certes, ça donne parfois des films magnifiques, mais je ne travaille pas de cette façon-là.


En tant qu’acteur, vous appliquiez-vous le même traitement ?

Je me suis toujours arrêté dès que j’avais le sentiment que la prise était bonne. J’aime aller de l’avant et en multipliant les prises, j’ai l’impression de m’ennuyer et de perdre mon temps. Le plaisir devient dès lors une corvée, et ma conception du travail est qu’il doit être agréable et se dérouler dans une atmosphère créative plaisante en vous permettant de vous concentrer sur l’essentiel. Je n’ai ni la patience ni le dévouement suffisants pour continuer à avancer.


Coup de chance se situe dans la lignée de certains autres de vos films qu’on pourrait qualifier de policiers, comme Match Point, Scoop et Le rêve de Cassandre. Quelles sont vos références dans ce domaine ?

Je suis convaincu que la chance peut jouer un rôle déterminant dans l’existence et que si l’on ne la prend pas au sérieux ou qu’on la minimise en se disant que c’est une simple question de volonté sur laquelle on peut agir, ce n’est plus de la chance, c’est de l’acharnement. Je considère l’effort comme très important, mais il varie aussi en fonction de ce facteur irrationnel que représente la chance dans toutes sortes de circonstances de notre existence. On éprouve alors le sentiment d’être un peu effrayé en réalisant qu’on ne peut pas tout contrôler, ce qui est le cas dans la plupart des circonstances de la vie. Dès lors, tout devient une question de chance. C’est ce qui fait toute la différence entre nos destins individuels. Certains sont nés sous une bonne étoile et tout ou presque leur réussit, d’autres n’ont pas cette chance. Ce sont eux qui passent dans la rue au moment précis où un piano tombe par la fenêtre d’un immeuble. C’était précisément ça qui m’intéressait dans ce film comme dans Match Point : montrer l’impact de la chance dans l’univers et dans notre vie de tous les jours.



Woody Allen et Vittorio Storaro

sur le tournage de Café Society (2016)



Comment fonctionne votre collaboration suivie avec Vittorio Storaro entreprise avec Café Society ? Parlez-vous beaucoup ensemble avant et pendant le tournage ?

Nous discutons beaucoup en amont du tournage. J’ai travaillé de la sorte avec tous les chefs opérateurs avec lesquels j’ai eu l’occasion de collaborer. Nous évoquons tous les aspects esthétiques et techniques du film. Vittorio me suggère des idées, qui se révèlent en général formidables, mais il arrive aussi que j’en aie d’autres. En revanche, une fois que le tournage proprement dit commence, nous ne parlons plus beaucoup, car les décisions principales ont été prises avant.


Avez-vous remarqué des différences notables entre le fonctionnement des équipes de tournage américaines et françaises ?

À vrai dire, j’ai surtout noté des différences entre les équipes américaines et britanniques. Les équipes françaises se rapprochent en fait des équipes américaines par les restrictions qu’imposent les syndicats et auxquelles il faut se soumettre, chacun occupant un poste assigné et n’en bougeant pas. En France ou aux États-Unis, quand on doit déplacer une chaise, quelqu’un de précis est requis à cet effet et il est hors de question que quelqu’un d’autre s’en charge. C’est plus cool en Angleterre où l’on a parfois l’impression de travailler avec des étudiants en cinéma et où tout le monde semble interchangeable. Cela dit, partout où j’ai tourné, d’Espagne en Italie, j’ai toujours collaboré avec des équipes compétentes et aguerries.



Bande-annonce de Minuit à Paris (2011) de Woody Allen



Les décors parisiens de votre film vous étaient-ils familiers lorsque vous les avez choisis ?

J’ai procédé comme je le fais depuis toujours. Mon chef décorateur épluche le scénario et part en quête des différents lieux de tournage pour me proposer ensuite diverses possibilités, jusqu’à quatre ou cinq par scène. Nous nous rendons alors sur place et j’établis le choix définitif. Je ne connaissais pas la plupart des décors de Coup de chance avant qu’il ne me les fasse découvrir. Ces propositions s’avèrent généralement plus intéressantes que ce que j’avais en tête en rédigeant le script.


Est-ce à dessein que la première scène du film se déroule devant le Théâtre des Champs-Élysées où vous vous êtes produit en concert avec votre ami Eddie Davis et son New Orleans Jazz Band ?

Quand j’ai écrit cette scène, j’ai imaginé que la jeune femme incarnée par Lou de Laâge marcherait dans une rue animée et c’est mon chef décorateur qui m’a suggéré l’avenue Montaigne, car il y avait également repéré un endroit où pourrait aussi se trouver l’étude de commissaire-priseur pour laquelle elle travaille. Avec également à proximité le jardin des Tuileries où elle va manger un sandwich à l’heure du déjeuner. Tout cela me semblait assez cohérent.


Coup de chance sera-t-il votre dernier film en tant que réalisateur, comme on a pu le lire ?

L’aspect le plus pénible de la réalisation consiste à réunir le budget d’un film. Ensuite, ce n’est que du plaisir à mes yeux. Alors si quelqu’un débarque et me dit : nous vous apportons le financement, je pense que je tournerai un autre film. Mon enthousiasme pour la réalisation n’a diminué qu‘en raison de ce qu’est devenue l’industrie cinématographique. Je n’ai pas envie de tourner un film pour qu’il se retrouve à la télévision au bout de deux ou trois semaines d’exploitation en salle. J’ai été habitué à une époque ou les films se voyaient sur un grand écran de cinéma et restaient parfois à l’affiche pendant des mois. Les gens faisaient la queue pour les voir. Le monde a changé et ce qu’il est devenu ne me plaît pas beaucoup. C’est pourquoi j’ai déclaré que Coup de chance serait sans doute mon dernier film. Je n’ai pas envie d’aller implorer de quoi financer un film. Mais si quelqu’un débarque avec un sac en kraft plein de billets, je me laisserai sans doute tenter. Il est vrai toutefois que j’adore autant écrire pour le théâtre et publier des livres. Je ne suis pas borné.


Dans quelles conditions écrivez-vous ?

J’écris allongé sur mon lit et c’est comme ça depuis toujours. Je commence par prendre des notes sur une tablette, puis je les tape moi-même sur la machine à écrire de marque allemande que j’utilise depuis l’âge de 16 ans : une Olympia portative qui est si robuste qu’elle fonctionnerait sans doute encore si on la jetait du toit d’un immeuble et que j’emporte partout où je vais depuis toujours. Et je peux vous assurer que je tape très vite. Tous les matins, c’est le même rituel : je me lève, je pratique quelques exercices de gymnastique pour me tenir en forme, puis je m’allonge sur mon lit, j’admire la vue que j’ai de mon jardin par la fenêtre et je me mets à écrire…





La traduction française de votre recueil de nouvelles “Zéro gravité” est sortie en France deux semaines avant Coup de chance. Quelle place l’écriture occupe-t-elle à vos yeux ?

Je consacre l’essentiel de mon temps libre à écrire, qu’il s’agisse d’une pièce en un acte ou de nouvelles humoristiques. C’est du pur plaisir pour moi et je me réjouis que ça plaise ensuite aux lecteurs. Je suis surpris par le succès qu’ont pu rencontrer certains de mes livres dans des pays non anglophones. Je ne m’explique pas comment ils peuvent plaire à des Serbes, des Lettons ou même des Français, mais ils se vendent bien partout, que ce soit au Japon, en Chine, en Argentine, en Israël ou en Allemagne ! C’est peut-être parce que les traducteurs arrivent à les rendre meilleurs qu’ils ne sont et qu’ils parviennent à en rendre la sophistication. C’est très différent en ce qui concerne le théâtre où il s’agit généralement de personnages qui parlent entre eux, ce qui ne pose aucun problème particulier quand c’est traduit en grec ou en japonais. En revanche, le style de mes nouvelles est très fleuri sinon parfois baroque, ce qui implique de trouver la formulation la mieux appropriée. J’ai donc beaucoup de chance qu’elles soient aussi bien traduites.


Qu’en est-il de votre carrière de musicien depuis la mort de votre ami Eddy Davis qui dirigeait la formation avec laquelle vous vous produisiez, The New Orleans Jazz Band ?

Eddie est mort de la Covid en 2020. Il était une inspiration pour sa formation toute entière. Nous effectuons une petite tournée européenne, pour la première fois sans lui depuis trente ans. Nous interprétons un répertoire original dans l’esprit de la musique de la Nouvelle Orléans qui comprend des morceaux très anciens de Jerry Roll Morton et de Louis Armstrong. Nous le faisons par pur plaisir comme des vieux amis qui se retrouvent toutes les semaines pour jouer aux cartes. Et, là encore, le public a suivi. J’espère juste que la disparition que la disparition d’Eddie ne s’avèrera pas fatale à l’orchestre. Nous sommes parfaitement conscients du fait que ça ne sera plus jamais pareil, mais nous espérons juste être à la hauteur de l’enjeu et que nous continuerons à faire passer un moment agréable à notre public.

Propos recueillis par

Jean-Philippe Guerand

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