Film américain de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett (2023), avec Jenna Ortega, Melissa Barrera, Courteney Cox, Jasmin Savoy Brown, Hayden Panettiere, Devyn Nekoda, Jack Champion, Josh Segarra, Mason Gooding, Liana Liberato, Tony Revolori, Samara Weaving, Henry Czerny, Dermot Mulroney… 2h04. Sortie le 8 mars 2023.
Hayden Panettiere
Parmi les sagas horrifiques, Scream fait figure de cas d’école à bien des égards. D’abord parce qu’il s’agit de la matrice d’innombrables franchises plus ou moins fructueuses qui voient des jeunes adultes confrontés à un croquemitaine dont John Carpenter a naguère lancé la mode en la personne du fameux Michael Myers de La nuit des masques (), l’opus fondateur de la saga Halloween. Ensuite parce que ce concept a démontré son incroyable élasticité spatio-temporelle en se perpétuant au fil des générations avec un succès renouvelé. Résultat, Scream VI sort un quart de siècle après l’opus originel auquel le rattache encore le producteur Kevin Williamson, le scénariste historique de la saga, lequel a passé le relais à un autre maître du genre en la personne de l’expert James Vanderbilt, connu pour son adaptation de Zodiac de David Fincher et deux volets de The Amazing Spider-Man. Avec toujours fidèles au poste les comédiens Courteney Cox, Skeet Ulrich et Hayden Panettiere (rescapée de Scream 4). Dans le New York d’aujourd’hui, le masque oblong qui évoque “Le cri” d’Edvard Munch sert à des cinéphiles pervers pour agresser des innocents en toute impunité… quitte à être éliminés à leur tour par d’autres tueurs anonymisés derrière ce faciès collectif utilisé à la façon de celui des Anonymous. Un principe propice à des meurtres en série qui implique tout ce que Big Apple compte de psychopathes et de fétichistes dans une escalade sans fin. Une coquetterie scénaristique qui cesse toutefois quand se dresse en travers de la route de ces criminels en passe de s’éliminer les uns les autres une femme bien déterminée à mettre un terme définitif à leur folie exponentielle. Toujours dans ce New York by Night devenu un décor de cinéma éternel où rôdent les pires démons…
Courteney Cox
La meilleure idée de Scream VI est d’avoir renoncé à faire de ce nouvel avatar un énième revival de la saga peuplé de rescapés atteints par la limite d’âge et pour la plupart portés disparus parmi les stars d’aujourd’hui. Exit la presque quinquagénaire Neve Campbell, pourtant sérieusement envisagée à une époque, et bienvenue à Jenny Ortega, l’interprète charismatique révélée par Tim Burton dans sa série Netflix “Mercredi”. Un choix d’autant plus judicieux que le noir sied à merveille à sa personnalité hors du commun et qu’elle manie le couteau de cuisine avec autant d’art que de hargne. Par sa présence et son regard, elle pare d’une indéniable modernité cette saga qui semble aujourd’hui repartie sur les chapeaux de roues et s’inscrit naturellement dans un contexte contemporain où la place des femmes au sein du cinéma américain se trouve à l’épicentre d’une véritable révolution des mœurs qui déborde dans tous les domaines. Reste maintenant à les laisser aussi donner leur juste mesure au poste de réalisatrice auquel aspirent aujourd’hui davantage de filles que de garçons au sein des départements cinéma des plus grandes universités. La mise en scène de Scream VI a en l’occurrence été confiée à un tandem d’orfèvres du cinéma de genre, Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, qui connaissent leurs classiques à la perfection, comme l’attestent les multiples clins d’œil dont ils ponctuent le film. Et puis aussi cette maestria impressionnante qu’ils déploient dans certaines scènes, à l’instar de celle qui voit progresser plusieurs personnes sur une échelle dressée à l’horizontale entre deux rebords de fenêtre dominant une cour, tandis que le tueur est là qui veille. Prochain défi de ces deux réalisateurs cinéphiles : un remake du célèbre New York 1997 (1981) de John Carpenter qui fut visionnaire avant de devenir culte. Grand frisson assuré.
Jean-Philippe Guerand
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