John Wick : Chapter 4 Film américain de Chad Stahelski (2022), avec Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgård, Laurence Fishburne, Hiroyuki Sanada, Shamier Anderson, Lance Reddick, Rina Sawayama, Scott Adkins, Ian McShane, Marko Zaror, Clancy Brown, Natalia Tena… 2h49. Sortie le 22 mars 2023.
Keanu Reeves
John Wick fait partie de ces personnages indissociables de leur interprète charismatique. En l’occurrence ici Keanu Reeves, déjà associé à une autre saga mythique, Matrix des frères devenus sœurs Wachowski. Ce Chapitre 4 de la franchise John Wick assume son parti pris radical sur une durée plutôt atypique dans ce créneau : près de trois heures. C’est un pur film d’action qui combine la maestria hollywoodienne dans ce domaine avec l’expertise asiatique en matière d’arts martiaux. Avec à la barre le meilleur expert qu’on puisse rêver, même s’il n’est pas le plus célèbre : Chad Stahelski, ci-devant cascadeur, donc particulièrement aguerri dans l’art de régler les combats, passé à la réalisation avec les quatre opus de cette franchise et aujourd’hui annoncé aux commandes de plus d’une dizaine de projets pour le petit et le grand écran. Une décennie s’est écoulée entre son John Wick initial et ce Chapitre 4 qui constitue un sommet du genre par ses combats époustouflants et ses cascades hallucinantes chorégraphiées en appliquant les ressources des effets spéciaux à des affrontements comme on en a rarement vus à l’écran. D’où l’intérêt de confier les rênes de ce film à un expert en la matière qui ne s’embarrasse ni de dialogues inutiles ni d’intermèdes inutiles. Avec en guise de bonus des décors naturels à la fois familiers et exotiques, du Japon à Paris, mais aussi l'ultime apparition à l'écran du concierge campé par l’élégant Lance Reddick, décédé cinq jours seulement avant la sortie française du film.
Keanu Reeves
John Wick : Chapitre 4 a pour lui de tenir toutes ses promesses et de proposer un spectacle total qui ne s’embarrasse pas du moindre artifice inutile. Chad Stahelski va droit à l’essentiel et ne s’embarrasse d’aucun artifice digressif. Seul contre tous, le justicier solitaire campé par Keanu Reeves est de ceux qui affrontent une armée à mains nues et ne rechignent jamais lorsqu’il s’agit d’expédier ad patres des combattants parfois dénués de visage. Des cuisines d’un palace d’Osaka à la Place de l’Étoile et aux escaliers de Montmartre, son art de la lutte l’élève au rang ultime, celui des orfèvres des arts martiaux, aux côtés d’un autre expert en la matière, le Chinois Donnie Yen, interprète vedette de la saga Ip Man. Parce qu’il ne s’éparpille ni en transitions inutiles ni en longs discours, ce film d’action pure est un authentique monument du genre qui s’offre le luxe d’affrontements particulièrement longs dans des cadres spectaculaires. Jusqu’à un duel final qui perpétue quant à lui une bonne vieille tradition hollywoodienne : celle des westerns de l’âge d’or dont c’était le point d’orgue incontournable, du Train sifflera trois fois à L’homme qui tua Liberty Valance en passant par Rio Bravo. Avec un affrontement dans des locaux désaffectés filmé en surplomb dans la plus pure tradition des “Shoot ‘em up” où il s’agit d’éliminer le plus grand nombre possible d’ennemis. Comme pour démontrer que la fusion entre la caméra et le joystick est désormais consommée pour des spectateurs en immersion dans un univers purement ludique qui en recycle les codes esthétiques. Au point de se demander quel est le véritable produit dérivé du film ou du jeu vidéo. Un peu comme on se demande qui de l’œuf ou de la poule est arrivé en premier.
Jean-Philippe Guerand
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