Cocaine Bear Film américain d’Elizabeth Banks (2022), avec Keri Russell, O’Shea Jackson Jr., Christian Convery, Alden Ehrenreich, Jesse Tyler Ferguson, Brooklynn Prince, Isiah Whitlock Jr., Kristofer Hivju, Hannah Hoekstra, Ray Liotta… 1h35. Sortie le 15 mars 2023.
Kristofer Hivju et Hannah Hoekstra
Seul le point de départ de ce film est authentique. En 1985, un avion transportant des sacs de cocaïne s’est délesté de son chargement au-dessus d’un parc national américain où un ours brun a ingurgité quinze kilos de cette poudre magique avant de faire une overdose massive, sans avoir le temps de menacer quiconque. La fiction s’en empare aujourd’hui en imaginant les conséquences qu’aurait pu provoquer ce délestage sauvage, comme en ont vécu les côtes de la Manche début 2023. Restait pour des scénaristes à l’esprit particulièrement mal tourné à imaginer des élucubrations autour d’un plantigrade rendu fou par la drogue qui y prend goût et entreprend de dévaster tout sur son passage. Croisement extrême de la comédie et du gore, politiquement très incorrect, Crazy Bear est dû à une personnalité singulière du petit et du grand écran, la comédienne Elizabeth Banks. L’inoubliable libraire de 40 ans, toujours puceau signe ici son troisième long métrage, après une suite (Pitch Perfect 2) et un remake (Charlie’s Angels). On y retrouve son penchant prononcé pour la subversion et le mauvais esprit appliqué à la trame classique du film catastrophe. Divers groupes humains se trouvent confrontés à une menace unique et doivent impérativement taire leurs divergences voire leurs antagonismes pour neutraliser la menace et s’en tirer sains et saufs.
Alden Ehrenreich, Aaron Holliday et Leo Hanna
Une garde forestière ventripotente qu’on croirait échappée d’une aventure de Yogi the Bear, des familles en randonnée, des campeurs et les hommes de main d’un narco-trafiquant vont se trouver confrontés à la plus imprévisible des menaces : un pachyderme à la limite de l’overdose qui devient le plus redoutable des prédateurs et semble prêt à tout pour se remplir les narines. Crazy Bear est une comédie politiquement très incorrecte qui revendique l’influence du cinéma hollywoodien des années 80 et assume sa dette envers Steven Spielberg, les frères Coen et Sam Raimi par son humour iconoclaste et une détermination à toute épreuve. Le scénario est un éloge de l’individualisme appliqué à une cause qui ne peut se résoudre qu’en appliquant une doctrine solidaire. L’une des qualités principales de ce film réside dans sa capacité à entrecroiser les destins sans créer pour autant de véritable solidarité entre des protagonistes qui ne défendent pas du tout les mêmes intérêts mais se trouvent embarqués dans un même jeu de survie. Jamais dupe de son sujet, Elizabeth Banks a le bon goût de nous donner à partager sa jubilation sans jamais faire la fine bouche, ni s’interdire certains élans de mauvais goût, sous le prétexte de faire rire. Comme une sale gosse incapable de réfréner son envie de tirer la langue pour marquer son territoire. Avec en outre un plébiscite du public américain, sans doute lassé des bonnes manières qui ont quelque peu aseptisé ce genre naguère aussi irrévérencieux qu’était la comédie sous l’influence des trublions Mel Brooks ou les ZAZ.
Jean-Philippe Guerand
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