Film français de Jonathan Barré (2022), avec Laure Calamy, Tchéky Karyo, David Marsais, Grégoire Ludig, Thomas VDB, Sixtine Aupetit, Olivier Marchal, Julien Pestel, Marion Creusvaux, David Salles, Ragnar Le Breton… 1h35. Sortie le 29 mars 2023.
Tchéky Karyo
Formatrice en prévention routière dans un centre de récupération de points le jour, Pauline se mue en tueuse en série la nuit afin de mettre un terme définitif aux agissements criminels des fous du volant les plus décomplexés. Jusqu’au jour où cette belle mécanique s’enraye… Judicieuse initiative de consacrer une comédie à la violence routière. C’est ce qu’a fait la joyeuse bande du Palmashow en ramenant Laure Calamy au genre qui l’a révélée : la comédie. Elle s’avère désopilante en vengeuse masquée écumant la Bretagne profonde pour venger son compagnon victime d’un accident de la route, tout en rongeant son frein en attendant la libération anticipée imminente du chauffard qui l’a assassiné. Mais c’est compter sans la détermination d’un dealer rancunier et la sagacité de deux policiers qu’on croirait sortis d’un épisode de la collection télévisée Meurtres à… Un autochtone et un collègue marseillais campés par les compères David Marsais et Grégoire Ludig sans forcer outre mesure sur les effets comiques. Deux fins limiers qui poussent la conscience jusqu’à aller questionner sur son lit d’hôpital un grand brûlé en train de se consumer qui leur offre leur “Rosebud” rien que pour eux : “ Keyser Söze ” en phonétique. Avec les suspects usuels qui vont de pair…
Grégoire Ludig et David Marsais
Bonne conduite est une comédie classique qui repose sur un scénario solide, des interprètes inspirés et quelques gags efficaces qui jouent à dessein sur une gamme variée de niveaux de lecture. Les joyeux lurons du Palmashow ne jouent pas dans la même catégorie que les Nuls, les Inconnus ou les Deschiens. Leurs références sont plus proches de celles du Splendid ou de la Bande à Fifi. Leur conception de la comédie s’appuie sur la grande tradition de la comédie française la plus populaire qu'elle entend perpétuer sans négliger le premier degré, comme en témoigne leur inspiration : la Seconde Guerre mondiale dans La folle histoire de Max et Léon (2016), la violence routière dans Bonne conduite, Avec en prime un soin particulier apporté aux seconds rôles et un humour qui se déploie selon un éventail assez large. Comme dans ces films d’animation contemporains qui s’adressent au jeune public, mais n’en négligent pas pour autant de distiller certains effets à l’attention particulière des spectateurs adultes. Comme pour les remercier de les accompagner, en leur offrant quelques gages de bonne volonté sinon de complicité. La réussite du film de Jonathan Barré repose sur ce plaisir du décryptage qui s’apparente à celui qu’on prend enfant à la lecture d’un album d’Astérix avant de savourer à l’adolescence des subtilités qu’on n’avait pas perçues de prime abord. À l’instar de la camionnette de livraison sur laquelle apparaît cette raison sociale pour le moins saugrenue qui ne semble justifiée que par l'envie irrésistible de s’offrir un bon mot : L’écailler du cinéma. C’est la réussite de ce film de jouer ainsi sur de multiples tableaux, mais en prenant soin de brouiller les cartes.
Jean-Philippe Guerand
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