Film américain de M. Night Shyamalan (2022), avec David Bautista, Jonathan Groff, Ben Aldridge, Nikki Amuka-Bird, Kristen Cui, Abby Quinn, Rupert Grint, Ali-Asghar Shahbazi, William Ragsdale, Kat Murphy, M. Night Shyamalan… 1h45. Sortie le 1er février 2023.
David Bautista et Nikki Amuka-Bird
Ça commence comme un conte de fées. Une gamine partie attraper des insectes parmi les fougères d’une forêt est accostée par un colosse aux tatouages impressionnants. Là où la sagesse lui aurait commandé de ne pas répondre à cet étranger surgi de nulle part, la gamine déroge à cette règle d’or quand l’inconnu est rejoint par deux femmes et un homme. La suite illustre la fascination de M. Night Shyamalan pour l’irrationnel et sa maîtrise éprouvée du cinéma à suspense. Dès lors, l’action va être circonscrite dans le cadre champêtre d’un bungalow isolé où les intrus vont tenter de négocier un pacte diabolique avec les deux pères adoptifs de la gamine. Le réalisateur de Sixième sens () évolue dans sa zone de confort avec son art consommé de la mise en scène, tout en distillant quelques vérités bien senties sur la dérive d’une civilisation américaine tiraillée par une proportion affolante de platistes qui remettent en cause les théories de Newton et partagent de moins en moins de points communs avec tous ceux qui se battent pour faire évoluer les mœurs afin de faire triompher le droit à la tolérance tous azimuts. Un abîme que n’ont fait que creuser la présidence de Donald Trump et cette fracture sociétale entérinée par l’attaque du Capitole en janvier 2021.
M. Night Shyamalan et Ben Aldridge
Knock At the Cabin confronte ces deux visages antagonistes de la société américaine en imaginant les conséquences qu’ils pourraient avoir à l’échelle individuelle. Avec d’un côté un gang de Rednecks complotistes qui se prennent pour les quatre cavaliers de l’Apocalypse et de l’autre un couple gay et leur fille adoptive d’origine asiatique. Une sorte d’appartement témoin d’une société américaine plus coupée qu’elle ne l’a jamais été. Comme si Shyamalan avait choisi de réduire le monde qui l’entoure au sort de ces insectes que la petite fille enferme dans un bocal afin de pouvoir observer leur comportement. Le réalisateur nous épargne cependant les rapprochements frontaux et évite les raccourcis faciles. Il se contente juste d’appliquer sa science de la mise en scène à une sorte de microcosme de la société américaine en orchestrant des réflexes primaires d’où toute raison semble bannie. Avec un clin d’œil final qui semble suggérer que les croyances populaires ont pris le pas sur le cartésianisme le plus élémentaire et que la raison du plus fou pourrait parfois s’avérer la meilleure. Telle est la limite de ce cinéma qui met sa virtuosité au service de causes parfois ambiguës en donnant du grain à moudre à l’ensemble des spectateurs sans véritablement chercher à orienter son regard. Une posture aussi louable qu’à double tranchant, à ne pas laisser traîner devant tous les yeux.
Jean-Philippe Guerand
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