Film français de Christian Duguay (2022), avec Mélanie Laurent, Pio Marmaï, Kacey Mottet Klein, Carmen Kassovitz, Charlie Paulet, June Bernard, Carole Bouquet, Danny Huston, Hugo Becker, Émeline Faure, Hubert Myon… 1h49. Sortie le 21 décembre 2022.
Pio Marmaï et Mélanie Laurent
Le cinéma pour enfants se nourrit depuis des lustres des amitiés particulières qui associent nos chères têtes blondes, brunes ou rousses aux animaux. Tempête perpétue cette tradition à travers l’histoire d’une gamine née dans le haras familial dont la complicité avec une pouliche qu’elle a vu naître va conditionner le destin, malgré une tragédie imprévue… Au service assumé d’un cinéma familial dont il a déjà signé quelques fleurons, dont Belle et Sébastien : L’aventure continue (2015) et le reboot d’Un sac de billes (2017) sur un registre plus tragique, le transfuge québécois Christian Duguay s’est fait une spécialité des productions qui associent des enfants avec des animaux, en explorant les moindres ressources de ces complicités fusionnelles. En l’occurrence, le réalisateur s’attache cette fois à un couple d’éleveurs soutenu par un riche mécène américain qui doit lutter pour sa survie dans un monde extrêmement concurrentiel où seul un crack des champs de course pourrait assurer la pérennité de son élevage. Inspiré d’un roman de Christophe Donner, ce film assume son statut de mélodrame populaire, au sens le plus noble du terme, en se concentrant sur cette adolescente qui va devoir prendre sur elle-même pour se transcender et aller au bout de ses rêves, en conjurant un terrible handicap. Un rôle incarné successivement par Charlie Paulet, puis Carmen Kassovitz, sous la direction d’un cinéaste qui a naguère fait partie de l’équipe olympique canadienne de saut d’obstacles et évoque donc cet univers en pleine connaissance de cause.
Charlie Paulet
Tempête perpétue une longue tradition qui va du Grand national (1944) de Clarence Brown, à Jappeloup (2013) du même Christian Duguay, en s’attachant à la force de résilience d’une jeune fille dont le rêve se brise, alors qu’elle semble promise à un brillant avenir. Avec à ses côtés ce couple fusionnel formé par Mélanie Laurent et Pio Marmaï qui a tout sacrifié à sa passion et voit ses espoirs se perpétuer à travers la détermination (presque) à toute épreuve de sa progéniture. Et puis aussi ce garçon d’écurie complice qu’incarne Kacey Mottet Klein dans un contre-emploi ingrat mais tout en finesse. Doté des moyens de ses ambitions, Christian Duguay a ainsi tout loisir pour se concentrer sur la pâte humaine de ses protagonistes confrontés à des situations propices aux grands sentiments. Il ne se dérobe devant aucun des écueils de son histoire, va jusqu’à encourir le risque de rendre antipathique son personnage principal et signe à l’arrivée un éloge plutôt convaincant de la rédemption, grâce à des archétypes solidement campés et des situations parfois extrêmes sublimés par la photogénie des décors naturels qu’éclaire le chef opérateur Christophe Graillot, déjà remarqué pour son travail sur Poly de Nicolas Vanier, et la musique de circonstance du compositeur canadien Michel Cusson. Il s’agit donc d’un spectacle populaire qui a le bon goût de s’assumer en tant que tel et a bénéficié des moyens ad hoc associés à l’expertise indéniable d’un metteur en scène toujours au service de l’histoire qu’il nous raconte sans bouder son plaisir.
Jean-Philippe Guerand
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