Film français de Julien Chheng et Jean-Christophe Roger (2022), avec (voix) Lambert Wilson, Pauline Brunner, Michel Lerousseau, Céline Ronté, Lévanah Solomon, Jean-Marc Pannetier, Christophe Lemoine, Georges Caudron, Jean-Philippe Puymartin, Charlotte Hennequin… 1h19. Sortie le 14 décembre 2022.
C’est l’union de la carpe et du lapin… ou plutôt de l’ours et de la souris. Deux animaux que rien ne destinait vraiment à se rencontrer si même a fortiori à devenir les meilleurs amis du monde. C’est donc ensemble qu’ils vont accomplir un véritable retour aux sources pour faire réparer le violon du pachyderme. Malheureusement, la Charabïe n’est plus ce qu’elle était et vit désormais sous le joug de dirigeants qui en ont banni la musique… de peur qu’elle adoucisse les mœurs de ses concitoyens ? Une situation véritablement inconcevable pour nos deux héros qui vont tenter de remédier à leurr façon à cet état de fait avec le concours d’un mystérieux justicier masqué afin de rendre leur joie de vivre à ses habitants… Dix ans après Ernest et Célestine, ponctués par une série télé et une anthologie de courts métrages intitulée Ernest et Célestine en hiver (2016), notre joyeux tandem revient pour une nouvelle aventure sous le signe de l’humour et de la poésie. Un hymne à la tolérance qui présente l’insigne avantage de s’adresser prioritairement aux spectateurs de plus de 3 ans, mais d’éviter fort opportunément de laisser en rade le public plus âgé qui ne manquera pas d’accompagner les enfants dans les salles. Avec à son crédit un graphisme à l’ancienne au service de sentiments universels, mais une absence totale de mièvrerie.
Imaginé par Guillaume Mautalent et illustré par Gabrielle Vincent, Ernest et Célestine évoque à travers la douceur de son graphisme, le camaïeu de ses couleurs et les grands sentiments qui sous-tendent ses histoires, certains livres pour enfants du temps passé dont cette fameuse collection de petits livres d’or. Ce nouvel opus respecte l’esprit et la lettre du tandem, en restant fidèle à une technique passablement tombée en désuétude : le dessin à la main qui contraste avec l’inflation technologique en vigueur dans le secteur foisonnant de l’animation contemporaine où règne une surenchère vertigineuse. Un graphisme doux et élégant qui va de pair avec une bande originale composée par Vincent Courtois en référence au folklore musical balkanique, mais aussi à une déclinaison locale du… ska ! Avec en filigrane l’évocation de ce que représente un régime autoritaire en termes de droit d’expression et de restrictions de libertés. Derrière la fable, affleure une véritable volonté de sensibiliser un public très jeune à des problématiques sérieuses, sans céder pour autant à l’angélisme ou à la mièvrerie. C’est l’une des vertus de ce film d’animation de traiter son jeune public avec une considération aussi respectueuse.
Jean-Philippe Guerand
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