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“Avatar : La voie de l’eau” de James Cameron



Avatar : The Way of Water Film américain de James Cameron (2022), avec Zoe Saldaña, Sam Worthington, Kate Winslet, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Giovanni Ribisi, Bailey Bass, Jemaine Clement, Edie Falco, Cliff Curtis, Joel David Moore, Oona Chaplin, CCH Pounder… 3h12. Sortie le 14 décembre 2022.



Kate Winslet et Cliff Curtis



Il aura donc fallu treize ans à James Cameron pour donner non pas une mais au moins quatre suites à Avatar (2009), jalon déterminant dans l’avancée technologique combinée du numérique et de la 3D. Le défi qui s’ouvrait à lui était immense, même pour le réalisateur déjà mythique de Terminator (1984), Abyss (1989) et Titanic (1997). À 68 ans, le Canadien le plus célèbre d’Hollywood relève cette fois le défi le plus fou d’une carrière qui les a accumulés sans relâche. Il associe par ailleurs à ses qualités exceptionnelles de conteur un appétit technologique exponentiel qui confèrent à Avatar : La voie de l’eau une spécificité hors du commun et l’érigent au stade exceptionnel de classique instantané. Un phénomène rarissime à la démesure de son ambition initiale où une épopée de science-fiction parvient à devenir indissociable de son époque par sa propension à en intégrer les principales composantes idéologiques et à se lire comme une prophétie des dangers qui nous menacent. Il faudra cependant patienter jusqu’à 2028 et Avatar 5 (titre provisoire) pour mesurer l’impact véritable de cette saga qui ambitionne d’occuper une place équivalente à celle de Star Wars dans l’histoire du cinéma en proposant une alternative originale aux films de super-héros estampillés Marvel qui règnent sur le box-office depuis une quinzaine d’années.






Treize ans après Avatar, le plus gros succès cinématographique de tous les temps, Jake et Neytiri Sully ont fondé une famille idéale composée de Neteyam, Lo'ak, Tuk et l’enfant adoptif Kiri, lorsque la tribu va se trouver confrontée à des menaces de nature à briser son unité et à les chasser de chez eux pour fuir à travers l’exolune Pandora et les contraindre à se réfugier au sein du clan Metkayina. Las, les envahisseurs se lancent à leur poursuite à la tête d’une invincible armada qui menace l’équilibre écologique de cette planète préservée. Avec le nouvel opus inaugural de ce qui constituera à terme une quadrilogie, James Cameron a décidé de coller résolument à son époque en imaginant un monde où se posent des problématiques qui font délibérément écho aux nôtres. C’est le propre de bon nombre d’œuvres qui ont marqué leur époque. À ceux qui croyaient le cinéaste parvenu au faîte de ses ambitions, ce nouveau cycle ambitionne d’imprimer sa marque dans l’histoire du cinéma moderne par l’association de thèmes de civilisation traités par les dirigeants politiques actuels avec un laxisme coupable sinon criminel, comme l’attestent les avancées trop modestes des COP successives, et d’une technologie de pointe de nature à ouvrir de nouveaux horizons au septième art en tant que spectacle total.





Là où Avatar avait popularisé la 3D, La voie de l’eau accomplit un nouveau pas de géant en rendant cette technologie encore plus immersive. Il semble loin le temps où le relief s’affichait à travers des effets spectaculaires qui soulignaient la profondeur de champ en plaçant systématiquement un objet au premier plan. La véritable avancée repose sur une technique expérimentée par le Néo-Zélandais Peter Jackson sur un autre cycle héroïque : la trilogie du Seigneur des anneaux. Utiliser une fréquence accélérée afin d’améliorer la définition : en l’occurrence un rythme de quarante-huit images par seconde, déjà utilisé par Jackson sur sa trilogie du Hobbit, qui possède le double avantage d’accentuer la fluidité et la définition de l’ensemble. C’est d’ailleurs la société d’effets visuels du même Jackson, Wētā FX, qui s’est vue chargée de parachever les séquences réalisées en performance capture. Une technologie de pointe au service d’une saga qui rejoint les préoccupations écologiques de Cameron et devrait rencontrer les aspirations de la jeune génération qui se bat pour provoquer un sursaut de ses aînés aux commandes d’une planète qui fonce à une vitesse exponentielle vers une catastrophe annoncée dont les signes avant-coureurs ne font que s’accumuler à l’horizon. Comme dans un écho ironique au… naufrage du Titanic. La boucle semble désormais en passe d’être bouclée. Reste à savoir où en sera notre planète lorsque sortira Avatar 4, en 2028. En souhaitant que Cameron ne soit pas un prophète de malheur, mais plutôt un de ces artistes visionnaires capables d’influencer le destin du monde en accélérant l’évolution des mentalités. C’est ce qu’il est convenu d'appeler un classique instantané.

Jean-Philippe Guerand








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