Film américain de Peter Farrelly (2022), avec Zac Efron, Bill Murray, Russell Crowe, Kyle Allen, Deanna Russo, Paul Adelstein, Jake Picking, Joe Adler, Archie Renaux, Will Hochman, Kristin Carey, Mike Hatton… 2h07. Mise en ligne sur Apple TV+ le 30 septembre 2022.
Zac Efron
New York, 1967. John “Chickie” Donohue, 26 ans, passe le plus clair de son temps à assister aux obsèques de ses voisins et camarades d’enfance tués au Vietnam. Lui-même n’ayant pas été mobilisé, il s’oppose aux pacifistes qui commencent à manifester contre cette guerre qui n’est pas la leur. Jusqu’au jour où il décide d’aller témoigner sa solidarité avec ses camarades à travers une initiative insensée. Il embarque pour le front par ses propres moyens afin d’aller partager une simple bière avec ceux qui se battent loin de chez eux afin de servir les intérêts stratégiques de leur pays, à des milliers de kilomètres de chez eux. Un périple initiatique en forme de croisade qui va lui faire réaliser l’inanité de la situation et la place de choix qu’occupent ses amis d’enfance dans sa vie. Cette histoire authentique a été racontée par son héros et Joanna T. Molloy dans leur livre homonyme paru en 2017 dont le sous-titre souligne l’esprit : “l’histoire vraie d’une amitié plus forte que la guerre”. Elle a déjà inspiré un court métrage documentaire homonyme d’une douzaine de minutes réalisé en 2015 par Andrew J. Muscato, mais trouve ici une toute autre épaisseur.
Zac Efron
Surtout connu pour des comédies, et notamment celles qu’il a signées avec son frère cadet Bobby, à partir de Dumb and Dumber (1994) et pendant une vingtaine d’années, Peter Farrelly fait cavalier seul depuis Green Book : Sur les routes du Sud (2018) qui lui a valu trois Oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur scénario. Il aborde aujourd’hui cette histoire vraie en soulignant l’inconscience de ce simple quidam qui risque sa vie pour aller trinquer avec ses amis et découvre à cette occasion la réalité du bourbier dans lequel est en train de s’enfoncer l’Amérique. Tourné en Thaïlande, ce film ambitieux et spectaculaire reconstitue avec une efficacité indéniable un conflit qui a servi de cadre à plusieurs œuvres marquantes des années 70 et 80 avant de se voir éclipsé par les guerres ultérieures. On y retrouve cette atmosphère délétère qui servait de cadre à Platoon (1986) d’Oliver Stone et Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick, avec en filigrane le désespoir et l’incompréhension de ces appelés envoyés au massacre sous couvert de maintenir l’influence de l’Amérique en Asie du Sud-Est. En contrepoint de l’initiative insensée de son héros malgré lui, que campe un Zac Efron moustachu, c’est cette cruelle réalité que dépeint le film à travers une poignée de correspondants de guerre désabusés dont un photographe passablement blasé qu’incarne avec son autorité coutumière le trop rare Russell Crowe. Par son sujet et le traitement de choc que lui administre Peter Farrelly grâce à des moyens conséquents, The Greatest Beer Run Ever prend l’allure d’une parabole existentielle sur l’absurdité de la guerre et ses dommages collatéraux.
Jean-Philippe Guerand
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