Film français d’Ivan Calbérac (2022), avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Mounir Amamra, Éric Viellard, Olivier Claverie, Geneviève Mnich… 1h32. Sortie le 31 août 2022.
Bernard Campan
Un caviste un rien bourru fait la connaissance d’une inconnue qu’il convie à un atelier dégustation convivial. La cuirasse de ce misanthrope va toutefois s’avérer plus difficile à percer que prévu pour cette femme déterminée à élucider le mystère de ce célibataire pur et dur. Ce thème qui a valu à La dégustation un joli succès sur la scène du Théâtre de la Renaissance à Paris inspire aujourd’hui une adaptation cinématographique reposant à la fois sur une mécanique éprouvée et la confrontation de deux comédiens impliqués dans leurs rôles. En l’occurrence, Isabelle Carré et Bernard Campan, le couple charmant créé par Zabou dans Se souvenir des belles choses (2001) dont la complicité crève l'écran. C’est la troisième de ses huit pièces qu’Ivan Calbérac accompagne lui-même à l’écran après L’étudiante et Monsieur Henri (2015) et Venise n’est pas en Italie (2019), bien que ce soit ses quatre nominations aux Molières et la statuette de la meilleure comédie obtenue en 2019 qui l’aient incité à l’adapter au cinéma avec ses interprètes d'origine. Il faut dire que son dispositif se prêtait particulièrement bien à cette transposition, surtout dans le cadre des contraintes sanitaires rigoureuses imposées par la pandémie de Covid-19. Il repose en effet sur la complicité qui s’établit petit à petit entre deux célibataires en proie à une situation devenue pour eux une sorte de prison intime. Avec les innombrables non-dits qu’implique un tel postulat pour ces deux cœurs à prendre.
Éric Viellard et Isabelle Carré
Rompu à la mécanique du théâtre comme à celle du cinéma, Ivan Calbérac connaît les pièges à éviter pour passer harmonieusement de l’un à l’autre. Il sait ainsi mieux que personne combien il est artificiel de chercher à “aérer” une pièce sous prétexte de lui conférer une nouvelle dimension. Il choisit en conséquence de se concentrer autour de ses protagonistes sans multiplier inutilement les seconds rôles, à l’exception notable d’un apprenti maladroit et d’un séducteur balourd. En l’occurrence, c’est par leur humanité que s’imposent ces deux êtres solitaires qui apprennent à s’apprivoiser en succombant à une ivresse qui réconforte et désinhibe. La dégustation est une chronique sentimentale qui surprend à la fois par sa profonde gravité et la personnalité de ses deux protagonistes : une vieille fille déterminée à donner un coup de pouce au destin en jetant son dévolu sur le plus improbable des princes charmants. Un défi amoureux dont on suppute qu’il parviendra à surmonter tous les obstacles dans la meilleure tradition des comédies sentimentales, mais qui réussit tout de même à nous tenir en haleine par les tours et détours qu’il emprunte pour parvenir à son objectif. Pourvu qu’on ait l’ivresse…
Jean-Philippe Guerand
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