Crescendo - #Makemusicnotwar Film germano-italo-autrichien de Dror Zahavi (2019), avec Peter Simonischek, Bibiana Beglau, Daniel Donskoy, Sabrina Amali, Mehdi Meskar, Götz Otto… 1h51. Sortie le 6 juillet 2022.
Daniel Donskoy, Sabrina Amali et Bibiana Beglau
C’est devenu l’une des rengaines du Feel Good Movie, ce “film qui fait du bien” auquel certains attribuent le pouvoir magique de séduire le public en espérant faire recette. Des êtres originaires de communautés antagonistes communient malgré eux dans l’exercice d’un art ou d’une discipline qui se révèle plus fédérateurs que tous les traités de paix et multiples accords diplomatiques. Dans Crescendo, l’enjeu consiste pour un chef d’orchestre de renommée mondiale à diriger une formation de jeunes Israéliens issus des multiples groupes ethniques qui composent ce pays d’accueil déchiré depuis sa naissance. Un pari artistique qui consiste pour l’instigateur diplomate à faire taire les divergences, les antagonismes et la zizanie afférente. Le postulat n’est pas d’une folle originalité. Crescendo le transpose dans un univers propice aux medleys et aux improvisations, celui d'un orchestre. L’orchestre y devient ainsi le creuset de toutes les passions, illustrant ainsi cette rengaine bien connue selon laquelle la musique adoucit les mœurs… surtout quand elle est bonne et engendre une authentique compétition entre ses solistes, l’harmonie de l’ensemble passant par l’addition des rivalités qui opposent ses individualités les plus remarquables. En l’occurrence ici un garçon et une fille, avec tout ce que cela implique d’enjeux affectifs en bonus pour ces violonistes soucieux de briller. Sinon que l’un est israélien, mais que l’autre est palestinienne…
Sabrina Amali, Peter Simonischek et Daniel Donskoy
Crescendo joue avec habileté de son postulat de départ en nous épargnant un bon lot de poncifs pour se concentrer sur l’essentiel : une rivalité qui pousse les uns et les autres à se sublimer afin de prendre l’ascendant sur les autres par leur talent musical. Un challenge excitant que le réalisateur israélien expérimenté Dror Zahavi, qui s’est souvent frotté par le passé à des sujets délicats, traite avec suffisamment de rigueur pour remporter son pari : une œuvre de réconciliation populaire qui repose sur des caractères d’une épaisseur suffisante pour porter son propos, en nous entraînant dans une autre dimension musicale. Certes, le propos n’est pas d’une folle originalité, mais il passe par un scénario solide et une mise en scène jamais ostentatoire qui s’en remet pour une bonne part à son interprétation particulièrement interlope. Il n’est pas fortuit que ce film pétri de bons sentiments, mais jamais angélique ni complaisant, ait réussi à glaner à ce jour pas moins de quatre prix du public au fil des festivals dans lesquels il a été présenté Son discours fait chaud au cœur et a tendance à distiller des notes d’espoir particulièrement bien venues, à un moment de son histoire où le monde semble tombé sur la tête, de l’Ukraine à la cour suprême des États-Unis. Crescendo nous susurre, symboliquement sous pavillon européen, un message positif d’apaisement, dépourvu de complaisance et de mièvrerie, mais pas de morceaux de bravoure. Il mérite d’autant plus d’être écouté et médité.
Jean-Philippe Guerand
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