Film français de Jérôme Commandeur (2022), avec Jérôme Commandeur, Laetitia Dosch, Pascale Arbillot, Gérard Darmon, Christian Clavier, Nicole Calfan, Jean-Marie Winling, Eva Darlan, Estéban, Valérie Lemercier, Gérard Depardieu, Malik Bentalha… 1h25. Sortie le 29 juin 2022.
Jérôme Commandeur et Christian Clavier
Lorsque les pouvoirs publics décident de diminuer drastiquement le nombre de fonctionnaires, l’un deux refuse de se plier à ce qu’il considère comme une injustice flagrante et va se battre pour conserver son précieux statut par tous les moyens, quitte à subir pour cela les pires brimades et à endurer des affectations qui ressemblent à autant d’épreuves de vérité destinées à le dégoûter de sa fonction. L’opposition de principe que manifeste ce simple quidam hermétique aux vexations et humiliations devient peu à peu un combat singulier avec une fonctionnaire de Bercy bien décidée quant à elle à remplir sa mission et à mater cet irréductible Gaulois réfractaire qui menace sa réputation d’excellence. Il y a d’ailleurs quelque chose du caractère buté d’Astérix chez ce brave type qu’incarne Jérôme Commandeur, sourire aux lèvres et solide pragmatisme en bandoulière. Irréductible est pourtant le remake du film italien Qua Vado ? de Gennaro Nunziante. Un canevas à partir duquel Jérôme Commandeur brode d’innombrables variations, en se livrant au passage à un éloge paradoxal du service public, des étendues glacées du Pôle aux missions les plus absurdes et les moins prestigieuses.
Jérôme Commandeur et Laetitia Dosch
Irréductible est une mécanique de précision à peu près universelle par son postulat déclinable à l’envi. Commandeur s’en réserve, certes, le beau rôle face à Pascale Arbillot dont le goût pour la comédie n’est plus à démontrer, mais il prend soin de s’entourer d’un casting prestigieux, parfois le temps d’une scène voire d’un monologue. Christian Clavier en leader syndical, Gérard Depardieu en vieux sage à qui l’on n’apprend pas à faire des grimaces, mais aussi l’irrésistible Laetitia Dosch en femme peu farouche de son corps, les humoristes Valérie Lemercier et Malik Bentalha, et même la trop rare Nicole Calfan apportent leur contribution plus ou moins éphémère à cette comédie virevoltante et primesautière dont le sujet s’avère inépuisable. Les rebondissements s’y enchaînent un peu comme dans un bon vieux film à sketches où chaque situation s’avère propice à des développements aussi cocasses qu’infinis. Avec toujours en filigrane ce bon sens qui permet au spectateur de s’identifier à l’esprit de résistance à toute épreuve qu’affiche Jérôme Commandeur derrière sa satisfaction aussi rayonnante qu’agaçante. La comédie s’est trouvé un nouveau héros aux allures de héraut. Un type d’autant plus irritant qu’il est aussi étonnamment attachant par sa bonhomie imperturbable de Français moyen raisonneur, mais plutôt moins râleur que la moyenne.
Jean-Philippe Guerand
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