Film français de Fabienne Berthaud (2021), avec Nadia Tereszkiewicz, Tanguy Mercier, Félix Maritaud, Claudine Acs, Samir Arab, Mohamed Makhtoumi… 1h27. Sortie le 11 mai 2022.
Nadia Tereszkiewicz et Tanguy Mercier
Tom vit avec sa mère dans une caravane en lisière d’une forêt. Leur quotidien est celui d’un couple atypique où l’enfant étonne par sa maturité tandis que l’adulte se comporte parfois comme une adolescente rebelle. Lorsque surgit le père du gamin qui vient de sortir de prison, c’est l’équilibre de ce tandem fusionnel qui se trouve menacé… Fabienne Berthaud s’attache depuis ses débuts aux marginaux et aux-francs-tireurs. Après trois films avec lesquels elle a accompagné sa muse Diane Kruger vers la reconnaissance d’actrice, Frankie (2005), Pieds nus sur les limaces (2010) et Sky (2015), puis une échappée en Mongolie en compagnie de Cécile de France dans Un monde plus grand (2019), elle s’attache cette fois à la recomposition d’une famille fabriquée de bric et de broc, pour ne pas dire de branques. Avec pour cadre un microcosme isolé du bruit et de la fureur du monde où un gamin qui semble avoir tiré un trait sur l’innocence de l’enfance, à trop couver sa mère immature, entreprend de rafistoler un couple et d’y ajouter une grand-mère providentielle en la personne d’une vieille dame qui dépérit entre les quatre murs de son château, faute de fantaisie et de compagnie.
Nadia Tereszkiewicz, Tanguy Mercier et Félix Maritaud
Tom est une tranche de vie délicieuse qui déborde de la tendresse et de la générosité avec lesquelles Fabienne Berthaud regarde s’agiter ses personnages pour trouver leur juste place dans un monde dont ils semblent coupés. On est pourtant plus près ici du conte que de l’étude de mœurs. Sans doute parce que la réalisatrice s’attache aux qualités de ses protagonistes davantage qu’à leurs défauts. Elle trouve pour cela des interprètes parfaitement à leur place. Face au jeune débutant Tanguy Mercier dont la maturité sied à son personnage trop vite monté en graine, elle confirme le talent impressionnant de Nadia Tereszkiewicz dont le visage était jusqu’à présent plus familier que le nom, notamment grâce à sa composition mémorable dans le film choral de Dominik Moll Seules les bêtes, laquelle devrait être l'une des révélations du prochain Festival de Cannes dans le rôle principal des Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi. Elle passe ici par une vaste gamme de sentiments et de sensations dans l’emploi délicat d’une fille sauvage accrochée à de grands principes au nom de la liberté. Un personnage attachant qui reflète assez justement les paradoxes et la confusion de notre époque. Ici réside l’un des miracles de ce film qui n’aspire pourtant en aucun cas à un réalisme scrupuleux, mais doit davantage se regarder comme le monde idéalisé par un pré-adolescent débordant d’imagination.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire