Film français de Claude Zidi Jr. (2021), avec Michèle Laroque, Mohammed Belkhir (MB 14), Guillaume Duhesme, Maéva El Aroussi, Samir Decazza, Marie Oppert, Louis de Lavignère, Stéphane Debac, Roberto Alagna… 1h30. Sortie le 4 mai 2022.
Mohammed Belkhir et Michèle Laroque
De la rencontre inopinée de deux mondes naissent volontiers à l’écran les Feel Good Movies, ces films providentiels dont la dramaturgie s’appuie sur la rencontre de deux univers a priori étrangers l’un à l’autre, en orchestrant en filigrane un choc de cultures souvent inattendu. Une relecture cinématographique du conte de fées devenue aujourd’hui un genre à part entière qui trouve ses origines dans le cinéma britannique où des succès populaires tels que Les virtuoses (1996) de Mark Herman (1997) et The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo ont balisé ses codes narratifs voire son tempo. On ne compte plus depuis un quart de siècle les films à avoir exploité ce filon en l’affinant. Récemment, Un triomphe d’Emmanuel Courcol ou À l’ombre des filles d’Étienne Comar ont proposé des variations françaises réussies autour de ce concept éprouvé, l’un et l’autre dans le cadre pesant de la prison, sous le signe du théâtre et de l’opéra. Ténor revendique d’emblée une plus grande légèreté à travers la rencontre d’un livreur de banlieue épris de rap avec une enseignante de chant lyrique en quête de l’oiseau rare.
Mohammed Belkhir et Michèle Laroque
La mécanique du scénario s’avère d’une efficacité à toute épreuve et se trouve transcendée par un casting habile. Face à Michèle Laroque dont le capital de sympathie et de fantaisie n’est plus à démontrer, Mohammed Belkhir alias MB 14 débarque auréolé de sa deuxième place remportée au cours de la saison 5 du télé-crochet “The Voice, la plus belle voix” qui lui vaut d’être à la fois populaire parmi le grand public, mais encore inconnu au cinéma, par ailleurs sur le registre du chant lyrique qui est socialement très connoté. Une confrontation attachante et pétillante qu’orchestre avec l’efficacité requise le fils homonyme du réalisateur Claude Zidi, lequel signe là son premier long métrage en solo après Les Deguns, en s’effaçant derrière son sujet qu’il a longuement développé pour mieux le servir. Une humilité à l’anglo-saxonne qui s’avère d’autant plus payante que le scénario fonctionne comme une véritable mécanique de précision, sans verser toutefois jamais dans la complaisance ou la mièvrerie. La rencontre des musiques urbaines avec le classicisme noble du chant lyrique passe également par un choc de classe que le film souligne à travers la cohabitation des élèves, parfois pétris de préjugés, sous les ors de l’Opéra Garnier. Ici se niche une force symbolique qui confère davantage d’ampleur au propos de Ténor.
Jean-Philippe Guerand
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