Film britannique de Ben Sharrock (2019), avec Amir El-Masry, Vikash Bhai, Ola Orebiyi, Kwabena Ansah, Sodienye Ojewuy, Sidse Babett Knudsen, Kenneth Collard, Cameron Fulton, Lewis Gribben, Silvie Furneaux… 1h44. Sortie le 4 mai 2022.
Amir El-Masry, Kwabena Ansah, Ola Orebiyi et Vikash Bhai
Quelque part en Europe, sur un îlot écossais, une poignée de demandeurs d’asile attend de connaître le sort qui va lui être réservé en suivant des cours saugrenus supposés les aider à s’intégrer dans ce nouveau monde dont on les a éloignés en attendant de connaître le sort que leur sera réservé. À l’instar de la séquence d’ouverture dans laquelle deux formateurs miment la bonne attitude à adopter en société et finissent par se prendre pour des acteurs en représentation, avec l’irrésistible Sidse Babett Knudsen dans une composition grandiose. Le ton est donné. Limbo est une comédie poétique sur un sujet grave qui navigue à vue entre cocasse et burlesque à partir d’un des sujets de société contemporains les plus graves qui soient : le sort arbitraire réservé par l’Europe à des réfugiés souvent originaires de contrées lointaines. Parmi eux, un jeune musicien syrien qui conserve toujours à portée de main le précieux instrument antique que lui a légué son grand-père, un oud au pouvoir magique.
Vikash Bhai, Ola Orebiyi, Amir El-Masry et Kwabena Ansah
Ben Sharrock observe cette communauté avec autant de tendresse que d’humour et trouve en Amir El-Masry l’interprète idéal d’un personnage pince-sans-rire qui ne semble plus s’étonner de rien. D’un sujet ô combien tragique, il tire une chronique touchante en réussissant à donner un supplément d’âme à ce groupe hétérogène qui n’a en commun que de se trouver coupé de ses origines et de poursuivre un but commun : obtenir le sésame que constitue le statut de réfugié. En se mettant systématiquement à la hauteur de ses protagonistes et en gommant l’aspect tragique de son sujet au profit d’une certaine dérision, le cinéaste écossais confère à son film un caractère universel en réduisant les dialogues à leur plus simple expression. Comme pour surmonter l’obstacle de la langue en établissant une autre forme de communication entre les migrants, eux-mêmes de diverses nationalités, et les autochtones pas toujours animés des meilleures intentions. Limbo est une merveilleuse surprise, comme le cinéma nous en offre trop rarement qui confirme par ailleurs que la musique peut vraiment adoucir les mœurs.
Jean-Philippe Guerand
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