Film franco-coréen de Denis Dercourt (2021), avec Olga Kurylenko, Yoo Yeon-seok, Ji-won Ye, Moo-seong Choi, Mi-won Won, Seung-Jun Lee, Woo-hyung Kim, Soo-ha Kim… 1h27. Diffusion à partir du 6 avril 2022 sur Canal + et en VOD.
Olga Kurylenko
Denis Dercourt croit en la toute puissance universelle du cinéma et se laisse guider par ses inclinations les plus intimes, quel que soit le genre qu’il aborde et la bannière qu’il déploie. Ce réalisateur épris de musique a suivi jusqu’à présent un itinéraire pour le moins atypique qui repose sur le principe de la disruption permanente. Quitte à donner des nouvelles de plus en plus sporadiques de lui à travers des œuvres tournées au fil de ses coups de cœur et de ses escapades. Après avoir tourné Pour ton anniversaire (2013) et L’enseignante (2019) en Allemagne, il réapparaît aujourd’hui avec une adaptation du roman de l’écrivain écossais Peter May “Les disparues de Shanghai”. Un thriller scientifique dans lequel un inspecteur de police confronté à une ténébreuse affaire internationale de trafic d’organes recrute pour l’aider une spécialiste française de médecine légale de passage à Séoul afin d’y présenter à la communauté scientifique locale la méthode de prise d’empreintes digitales qu’elle a mise au point et dont l’utilisation peut s’avérer déterminante face à des cadavres d’origine inconnue.
Yoo Yeon-seok
Au-delà de l’enquête qui lui sert de trame, le film s’attache avec une certaine insistance au vécu caché de ses protagonistes en leur donnant une épaisseur particulière. Denis Dercourt prend pas mal de libertés avec le roman dont il s’inspire, ne serait-ce qu’en déplaçant l’intrigue de la Chine à la Corée du Sud pour des raisons qu’on devine purement cinématographiques. Il assume en outre les conventions universelles du techno-thriller, en associant l’ex-James Bond Girl ukrainienne Olga Kurylenko à l’acteur coréen Yoo Yeon-seok révélé par la série Netflix “Mr. Sunshine”, mais accorde une place accrue au background intime de ses protagonistes, notamment pour souligner les fêlures de son personnage principal féminin, à travers le mal d’enfant qui conditionne sa personnalité et son implication totale dans son métier. On reconnaît dans ce souci d’exhumer des traumatismes lancinants la patte de Dercourt, capable de passer d’un pays et d’un registre à l’autre, en veillant toujours à rester tel qu’en lui-même un incorrigible sentimental préoccupé en priorité par l’humanité des gens qu’il met en scène, même si ce n’est que le temps d’une séquence fugitive. Vanishing est un film infiniment plus profond qu’il ne pourrait y paraître de prime abord par son souci pathologique d'investir les méandres tortueux de l’inconscient.
Jean-Philippe Guerand
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