“Un talent en or massif” de Tom Gormican

The Unbearable Weight of Massive Talent Film américain de Tom Gormican (2022), avec Nicolas Cage, Pedro Pascal, Tiffany Haddish, Sharon Horgan, Paco León, Neil Patrick Harris, Lily Mo Sheen, Alessandra Mastronardi, Jacob Scipio… 1h45. Sortie le 20 avril 2022.

Nicolas Cage

Rien de tel qu’un acteur qui interprète son propre rôle pour nous entraîner en immersion dans un monde impitoyable. Spike Jonze avait tenté l’expérience avec Dans la peau de John Malkovich (1999) et Laurent Tuel avait affiné le concept en demandant à Johnny Hallyday d’incarner son destin alternatif dans Jean-Philippe (2006). Tom Gormican prend pour personnage principal Nicolas Cage dans Un talent en or massif, un acteur à la croisée des chemins qui va devoir effectuer le bon choix s’il veut éviter de couler. Ses fans se délecteront des allusions à sa carrière. Ceux qui avaient réduit le neveu de Francis Ford Coppola à ses rôles survitaminés vont découvrir que l’acteur vu récemment dans le contre-emploi spectaculaire de Pig n’a rien perdu de ses ambitions artistiques, même s’il n’a jamais boudé son statut de star populaire. Faute de propositions artistiques attractives, le Nicolas Cage de cette fiction accepte d’assister à l’anniversaire d’un truand qui compte parmi ses plus grands fans, tout en jouant les taupes pour le compte de la CIA. Un rôle de pure composition où il va devoir fournir la meilleure interprétation de sa carrière, car cette fois c'est carrément une question de vie ou de mort.

Tiffany Haddish et Nicolas Cage

Le deuxième long métrage du réalisateur modeste de Célibataires… ou presque (2014) brille par son imagination à toute épreuve. En s’appuyant sur un comédien qui est aussi son personnage principal, il ménage d’incessants allers-retours entre la fiction et la réalité qui évoquent un petit film français vu il y a quelques années, L’air de rien (2012) de Grégory Magne et Stéphane Viard dans lequel le chanteur Michel Delpech tenait son propre rôle dans une fiction nourrie d’éléments authentiques. Un talent en or massif s’aventure nettement plus loin dans la fiction, puisque passé son postulat de départ, Nicolas Cage se retrouve plongé parmi une réalité “décalée” qui lui permet de retrouver ses automatismes d’acteur de films d’action et d’interpréter un héros à sa démesure. L’alchimie fonctionne d’autant mieux que la star témoigne de son sens de l’humour et de la dérision sur le registre du second degré. Derrière la comédie d’action, se dissimule en quelque sorte un méta-film au moins aussi jubilatoire qui assène quelques vérités bien senties sur le statut des stars hollywoodiennes isolées dans leur tour d’ivoire et parfois coupées des réalités de la société. Avec une promesse de rire à deux vitesses : jamais méchant, mais toujours narquois.

Jean-Philippe Guerand

Pedro Pascal et Nicolas Cage

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office. Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract

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