The Gravedigger’s Wife Film somalo-franco-germano-finlandais de Khadar Ayderus Ahmed (2021), avec Omar Abdi, Yasmin Warsame, Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim, Samaleh Ali Obsieh, Hamdi Ahmed Omar, Awa Ali Nour, Amina Ayanleh Omar, Mouhoubo Osman Eleyeh, Fardouza Moussa Egueh, Faiza Ibrahim Ade, Radiya Omar… 1h22. Sortie le 27 avril 2022.
Omar Abdi et Yasmin Warsame
Guled et Nasra vivent modestement mais heureux avec leur fils adolescent dans les faubourgs de Djibouti. Le jour où son épouse doit être opérée de toute urgence, le fossoyeur se trouve contraint de redoubler d’activité pour assumer cette dépense aussi prohibitive qu’imprévue, sous peine de voir son bonheur familial lui échapper. Né en Somalie, mais installé en Finlande, Khadar Ayderus Ahmed situe son premier long métrage dans son pays natal. D’un sujet solidement ancré dans cette contrée africaine d’une insigne pauvreté, il tire une fable universelle souriante qui traite un sujet a priori tragique en adoptant un point de vue résolument humain. C’est le bonheur conjugal de ce couple qui se voit menacé à l’occasion du coup du sort dont il est l’objet. Un homme et une femme modestes dont l’amour absolu se trouve mis à l’épreuve par les circonstances. Sujet universel qui est ici l’occasion pour le réalisateur de retourner sur le lieu de ses origines afin d’en montrer la beauté en s’imprégnant de son âme autant que du recul que lui a apporté sa condition d’exilé.
Kadar Abdoul-Aziz Ibrahim et Yasmin Warsame
Révélé l’an dernier dans le cadre de la Semaine de la critique du festival de Cannes, La femme du fossoyeur a poursuivi depuis une brillante carrière qui lui a notamment valu trois prix au Fespaco et un autre à Toronto. Sa qualité principale réside dans sa capacité à raconter une histoire assez tragique en adoptant un point de vue systématiquement humain, en multipliant les détails amusants et en agrémentant la gravité de son thème de multiples notations qu’on peut qualifier de choses vues. À commencer par ce paradoxe tragi-comique qui veut qu’un fossoyeur gagne sa vie en fonction du nombre de morts qu’il enterre, avec en plus ici le fait que son activité devient une question de vie ou de mort, au propre comme au figuré. Derrière le conte social, affleure un témoignage sur Djibouti, terra incognita du cinéma qui perpétue des traditions ancestrales dans une misère endémique, avec une présence constante des animaux qui reflète une Afrique méconnue sur laquelle le temps et le progrès ne semblent exercer aucun impact significatif. Dépaysement et empathie garantis.
Jean-Philippe Guerand
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