Documentaire français de Claudine Bories et Patrice Chagnard (2021), avec Élise, Nicole, Claudine Bories… 1h40. Sortie le 30 mars 2022.
Claudine Bories et Vedette
La mode est aux ruminants. Emmanuel Gras avait lancé la mode avec Bovines (2011). Les réalisatrices Andrea Arnold et Kelly Reichardt ont suivi récemment avec Cow et First Cow. Dans Vedette, Claudine Bories et Patrice Chagnard s’attachent au destin d’une vache d’exception désignée reine des reines en prenant l’ascendant sur ses concurrentes au fil de combats singuliers successifs. Désormais retirée, elle paît paisiblement dans l’alpage en compagnie de ses deux maîtresses, Élise et Nicole, qui entretiennent avec elle une complicité énigmatique sans beaucoup communiquer entre elles. Devant la caméra se son compagnon Patrice Chagnard, Claudine Bories entreprend d’apprivoiser l’animal et découvre au cours de ses travaux d’approche que l’affaire s’avère plus délicate que prévu. Quoi de plus impénétrable que le regard d’une vache ? Lorsque ses voisines se voient contraintes de quitter leurs alpages pour descendre dans la vallée, les réalisateurs entreprennent de les remplacer temporairement auprès de la ruminante dont ils vont entreprendre de percer le mystère.
Vedette et Claudine Bories
Il y a quelque chose de la naïveté des “Bouvard et Pécuchet” de Gustave Flaubert dans cette tentative de deux citadins pour frayer avec un bovin qui en impose par sa masse considérable. Tout le charme de Vedette réside dans ces tentatives de domestication parfois maladroites. En adoptant la posture de la citadine candide mais pleine de bonne volonté qui use et abuse de la parole, Claudine Bories se met dans la peau du spectateur lambda. Elle se comporte avec un naturel désarmant et tente d’abord de frayer avec ce couple de femmes dont on ne sait pas exactement si elles sont mère et fille, concubines, sœurs ou simplement amies. Cette exaltation du génie des alpages aussi cocasse que touchante chemine au rythme de son tournage qui s’est échelonné sur plusieurs saisons, les réalisateurs ne se rendant sur ce lieu de villégiature haut perché que lorsque le climat semble favorable aux gens de la ville. Reste l’essentiel : le contact ténu qui s’établit petit à petit entre l’animal massif et ses anges gardiens pétris de bonnes intentions, mais souvent déroutés par le comportement de cet animal que les humains ont choisi d’élire comme reine d’un jour avant de lui faire goûter aux charmes d’une retraite bien méritée. Dépaysement garanti !
Jean-Philippe Guerand
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