Accéder au contenu principal

“Ambulance” de Michael Bay



Film américain de Michael Bay (2021), avec Jake Gyllenhaal, Yahya Abdul-Mateen II, Eiza González, Garret Dillahunt, A. Martinez, Keir O’Donnell, Moses Ingram, Olivia Stambouliah, Cedric Sanders, Colin Woodell, Remi Adeleke… 2h16. Sortie le 23 mars 2022.



Yahya Abdul-Mateen II et Jake Gyllenhaal



Passé maître dans l’art délicat du cinéma d’action survitaminé avec le Buddy Movie Bad Boys (1995), devenu une référence incontournable du genre, Michael Bay revient aujourd’hui à ses premières amours avec le remake hollywoodien d’un succès du cinéma danois qui n’a pas vraiment connu une large diffusion à l’international : Ambulancen (2005) de Laurits Munch-Petersen, lauréat d’un Oscar universitaire à l’âge de 29 ans pour son court métrage de fin d’études Mellem os. Quant à lui préposé à usiner les différents opus des Transformers pendant une décennie, Bay revient à ses premières amours. La journée d’une bande de braqueurs dont le chef et son frère s’échappent après un casse particulièrement audacieux en détournant une ambulance et en mettant tout en œuvre pour garder en vie leur passager malgré lui, un policier blessé dont le trépas impliquerait pour eux d’encourir la peine de mort, alors même qu’ils éliminent allègrement bon nombre de ses collègues à grands renforts de collisions automobiles et de fusillades à l'aveugle. Mais sans doute ne faut-il voir là que de vulgaires dégâts collatéraux… Commence alors une folle poursuite à travers les rues de Los Angeles qui met aux prises diverses unités rivales des forces de l’ordre dans une escalade paroxystique rondement menée par un expert au sommet de sa forme. Ambulance est servi par une adaptation qui marque le passage du petit au grand écran du scénariste Chris Fedak, associé jusqu'alors à des séries telles que “Cameron Black, l’illusionniste” et “Prodigal Son”.



Eiza González



Ambulance confirme le talent de Michael Bay pour le cinéma d’action le plus spectaculaire, lequel s’offre même le culot d’aller citer dans les dialogues deux de ses propres films : Bad Boys et The Rock. Comme si ceux-ci constituaient également des références pour ses protagonistes. Telle quelle, cette poursuite infernale tournée avec un luxe de moyens impressionnant nous entraîne dans une sorte de grand-huit ininterrompu qui prend tout de même la peine de donner un minimum de chair et d’épaisseur psychologique à ses principaux personnages. Avec au cœur de ce nœud de vipères, le monte-en-l’air campé par le toujours impeccable Jake Gyllenhaal, confronté en quelque sorte à son double positif en la personne de son frère de couleur (l’excellent Yahya Abdul-Mateen II révélé dans le reboot de Candyman), bon père et mari dévoué, et à un ex-camarade de classe passé du côté de la loi. Avec aussi cette infirmière tout-terrain que campe la chanteuse mexicaine Eiza González (découverte quant à elle dans Baby Driver). Des personnages qui existent et vivent par alternance leurs moments de gloire au sein d’une intrigue touffue qui repose sur une suite exponentielle et ininterrompue de morceaux de bravoure dont des cascades automobiles comme on en avait perdu l’habitude. Bref, du cinéma de pure distraction mis en scène avec efficacité et un humour de bon aloi qu'on pourrait taxer de plaisir régressif parmi la noirceur tragique de l'actualité.

Jean-Philippe Guerand






Jake Gyllenhaal

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract