Film français d’Émilie Carpentier (2019), avec Tracy Gotoas, Sylvain Le Gall, Inas Chanti, Niia, Rachid Yous, Jules Pélissier, Clémence Boisnard, Mamadou Dembélé, Assmar Abdillah, Slimane Dazi… 1h24. Sortie le 9 février 2022.
Tracy Gotoas, Niia et Inas Chanti
Dans une grande banlieue où les cités donnent encore sur des champs, la perspective de construction d’un immense centre commercial a provoqué un mouvement des habitants et l’édification d’une Zad qui attire la curiosité des autochtones et notamment des plus jeunes d’entre eux. C’est dans ce contexte idéaliste qu’Adja (Tracy Gotoas), 18 ans, va trouver un véritable sens à sa vie en s’engageant contre la bétonisation de son environnement immédiat et renouer avec un copain de lycée, Arthur (Sylvain Le Gall)… L’horizon tranche avec les films de banlieue habituels en inscrivant ses protagonistes dans le contexte de la lutte environnementale. Il s’appuie en l’occurrence sur le projet Europacity envisagé à Gonesse qui synthétisait à lui seul les aberrations de l’urbanisation moderne, mais constituait une menace écologique majeure par son emprise dévastatrice sur les terres agricoles. Un sujet traité sur le mode documentaire dans un autre film récent, Douce France de Geoffrey Couanon, sorti en juin dernier, qui trouve un écho d’autant plus fort que le confinement a provoqué entre-temps une accélération de certains phénomènes sociologiques à travers des mouvements de population spectaculaires hors des grandes métropoles. C’est donc à un retour dans l’éphémère “monde d’avant” que nous invite Émilie Carpentier dans son premier long métrage.
Sylvain Le Gall
L’horizon, c’est cette ligne lointaine qu’on ne peut distinguer que quand la terre est dégagée à perte de vue. Comme un gage de liberté supplémentaire qui outrepasse les constructions humaines. C’est aussi l’objet du combat des jeunes gens de ce film solidement ancré dans la France périphérique d’aujourd’hui qui montre une génération métissée aux aspirations altruistes capable de porter aux nues les influenceurs, de s’évader parmi ses rêves dans les travées de Japan Expo, mais aussi de se mobiliser pour sauver une planète menacée par les errements de ses aînés. C’est le plus souvent caméra à l’épaule qu’Émilie Carpentier et sa talentueuse directrice de la photo Elin Kirschfink sillonnent ce monde porté par une utopie et une solidarité enthousiasmantes. Elle prend le soin de s’y attarder sur les visages en choisissant des interprètes qui habitent littéralement leurs personnages pour défendre les valeurs de la fameuse génération climat dont Greta Thunberg reste la figure de proue. On mesure ici combien les aspirations de la France péri-urbaine a changé, un quart de siècle après le No Future de la cité en ébullition de La haine. C’est d’ailleurs au film de Mathieu Kassovitz que renvoie la séquence finale, en se structurant autour d’une cause universelle qui donne un nouveau sens à sa vie : sauver le monde. Les super-héros sont parmi nous !
Jean-Philippe Guerand
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