Inteurodeoksyeon Film sud-coréen de Hong Sang-soo (2021), avec Shin Seokho, Mi-so Park, Kim Young-Ho, Ki Joo-bong, Young-hwa Seo, Kim Min-Hee, Yunhee Cho, Ji-won Ye… 1h06. Sortie le 2 février 2022.
Young-hwa Seo et Mi-so Park
Hong Sang-soo est un miniaturiste du cinéma. Un esprit libre qui a réussi à se faire une place à part au sein d’une industrie coréenne louée dans le monde entier pour sa qualité et une expertise qui n’a que peu à envier à Hollywood. Avec le regretté Kim Ki-duk, il a réussi à s’imposer grâce au soutien des festivals internationaux où il porte haut les couleurs de son pays. Au rythme de trois films tous les deux ans, il continue à aller de l’avant en s’attachant à sonder les cœurs et les âmes des personnages le plus ordinaires qui soient, parfois en proie à des sentiments qui les dépassent, mais des êtres profondément humains. Cet inconditionnel des nouvelles vagues européennes a peu à peu épuré son art, ce qui lui assure une liberté et une indépendance inestimables, en marge de la débauche de moyens dont jouit le cinéma coréen “mainstream”. Ses films les plus récents sont brefs et en noir et blanc. Ils traitent de thèmes intimistes et mettent en scène des gens comme les autres qui se rencontrent, se retrouvent ou se quittent. Avec çà et là quelques interrogations existentielles.
Mi-so Park et Shin Seokho
Couronné de l’Ours d’argent du meilleur scénario lors de la Berlinale 2021, Introduction, a été tourné entre mi-février et mi-mars de l’année précédente, c’est-à-dire juste avant que le monde ne se fige sous l’effet de la Covid-19. La pandémie apparaît d’ailleurs çà et là dans les dialogues, pour justifier qu’il y ait de moins en moins de gens dans les rues. Mais Hong Sang-soo, en orfèvre de l’intime, a moins à faire du monde qui entoure ses protagonistes que de leurs états d’âme. Il prend ici pour figure centrale un jeune acteur en herbe qui ne parvient à jouer un rôle de façon crédible que s’il ressent vraiment les sentiments de son personnage, lui dont la fiancée est partie vivre à l’étranger. Surprenant scrupule qui déclenche l’ire de son père, patron de clinique peu enclin à la nuance avec qui ses retrouvailles sont difficiles. Et comme il avait profité de sa présence au festival de Cannes pour y tourner quelques scènes de La caméra de Claire (2017) avec Isabelle Huppert, il a exploité une précédente sélection à Berlin pour y mettre en scène un intermède. Comme s’il laissait sa vie et son œuvre s’interpénétrer de façon fusionnelle, sans pour autant être à proprement parler l’un des personnages de son cinéma, sinon sans doute par procuration. C’est toute la magie de ce minimaliste universel, laconique comme jamais.
Jean-Philippe Guerand
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