Documentaire américain de Leo Scott et Tin Poo (2021), avec Val Kilmer, Jack Kilmer, Marlon Brando, Joanne Whalley… 1h49. Mise en ligne le 20 janvier 2022 en VOD.
Val Kilmer
Ils étaient trois frères insouciants qui s’amusaient de la vie en se mettant en scène devant la caméra de l’aîné, Wesley. Jusqu’au moment où il est mort dans le jacuzzi familial, à 15 ans, laissant ses cadets inconsolables. Mais l’anti-héros de ce documentaire à la première personne du singulier se prénomme Val. Sacré star au début des années 80, il s’est fait connaître par son physique de beau gosse et a défié l’autorité des plus grands en nourrissant sa légende d’enfant terrible du cinéma américain à travers des rôles aussi écrasants que Jim Morrison dans Les Doors (1991) d’Oliver Stone ou Doc Holliday dans Tombstone (1993) ou en assurant la relève de Michael Keaton dans Batman Forever (1995). Lui qui at grandi dans la villa hollywoodienne du légendaire Roy Rogers, étudié l’art dramatique à Julliard et connu un vrai destin de star se raconte dans une confession singulière. Victime d’un cancer de la gorge dont les chimiothérapies ont considérablement endommagé ses cordes vocales, il s’exprime aujourd’hui par la voix de son fils Jack pour commenter les kilomètres d’images qu’il enregistre depuis l’adolescence et qui témoignent a posteriori d’une destinée hors du commun. C’est ce pactole considérable qui a servi de base au travail de titan accompli par les documentaristes Leo Scott et Tin Poo et présenté en première mondiale au dernier festival de Cannes.
Val Kilmer
Val est un formidable témoignage sur les vicissitudes du métier d’acteur, mais aussi ses illusions perdues, qui repose sur des images d’époque filmées par Kilmer dans un souci de laisser des traces de son travail et de sa vie. Il est d’autant plus poignant de voir le beau gosse fanfaronnant devant sa propre caméra en 1983, juste après l’image d’un vieil homme réfugié dans les bras de son fils qu’il emmène sur les traces du passé, comme pour lui montrer les cendres du feu qui le brûlait. Le film n’occulte jamais le fait que l’acteur jouait les rebelles sans cause et s’est mis à dos un Marlon Brando totalement démotivé sur le plateau de L’île du docteur Moreau (1996), lorsque l’idole de sa jeunesse agacée de le voir suspendu constamment au bout du fil lui arracha son téléphone des mains au début d’une prise et l'envoya voler au loin. Tournage calamiteux marqué aussi par son divorce avec la mère de ses enfants, Joanne Whalley. C’est aujourd’hui un sexagénaire bouffi et rongé par le mal dont ce documentaire aussi chaleureux que cruel nous relate la destinée à travers des images devenues des archives. Un homme en sursis convoqué récemment pour reprendre son rôle dans Top Gun : Maverick aux côtés de son rival de toujours, Tom Cruise (qui n’a que deux ans et demi de moins que lui), trente-cinq ans plus tard. Le contraste est d’autant plus saisissant.
Jean-Philippe Guerand
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